A l’occasion de ce centenaire Simenon, nombreux sont les ouvrages qui paraissent ou qui refont surface. Cette fois, c’est l’écrivain lui-même qui fait l’objet d’enquêtes menées par une escouade de Maigret
En ce qui concerne l’oeuvre elle-même, à signaler d’abord: la performance réalisée par les Presses de la Cité: l’édition complète en 25 volumes (environ 25000 pages), dans la collection Omnibus, des romans et nouvelles que Simenon a signés de son nom. Les quinze premiers volumes regroupent – « Maigret » et « romans » confondus – toutes les oeuvres écrites de 1945 à 1972. Les dix autres reprennent les romans et nouvelles publiés de 1931 à 1945. Particularité de cette édition: toutes les couvertures sont des photos réalisées par Simenon lui-même et qui établissent un rapport avec les oeuvres publiées dans chaque volume.
Chez le même éditeur: un roman « dur », La Chambre bleue, ainsi que deux nouvelles « Maigret », illustrées par Loustal.
Autre événement: l’entrée de Simenon, en mai prochain, dans la collection de La Pléiade, avec deux volumes rassemblant au total 21 romans (dont 5 « Maigret »). Une édition conçue sous la direction de Jacques Dubois, président du Centre d’études Georges Simenon de l’université de Liège. Elle sera accompagnée d’un Album Simenon, abondamment illustré selon la formule traditionnelle adoptée par Gallimard. La même maison d’édition publie, dans sa célèbre collection Découvertes Gallimard, Simenon. Ecrire l’homme, par Michel Lemoine (144 p.): fidèle à l’enseigne, une excellente interaction texte-images-témoignages.
Sur l’écrivain et son oeuvre paraissent trois albums biographiques dotés de nombreux documents et illustrations. Aux éditions Textuel d’abord, par Jean-Baptiste Baronian et Michel Schepens: le remarquable Passion Simenon. L’homme à romans(192 p.). Cet album, conçu par deux éminents spécialistes de Simenon, l’accompagne pas à pas et d’année en année dans sa vie d’homme et d’écrivain, dans ses contradictions et dans le contexte de son siècle. Il comporte plus de 500 documents iconographiques (dont certains inédits sortis des archives de famille).
A La Renaissance du Livre, par Danielle Bajomée: Simenon. Une légende du XXe siècle(192 p.). Directrice du Centre d’études Georges Simenon, l’auteur explore l’oeuvre et la personnalité de l’écrivain au fil d’une succession de thèmes qui cernent progressivement la réalité du « mystère » Simenon. A grand renfort d’illustrations et de documents. Avec le concours, aussi, de Dick Tomasovic pour les adaptations de Simenon aux grand et petit écrans. Egalement à La Renaissance du Livre, Le Roman de Simenon (152 p.) réunit une brochette de spécialistes autour du roman autobiographique Pedigree, oeuvre clé de la production de l’écrivain.
Aux éditions Complexe, la réédition de Simenon, l’homme, l’univers, la création(236 p.). L’ouvrage, qui fit office de catalogue pour l’exposition Simenon de 1993, à Liège, est le fruit d’une collaboration de 16 spécialistes de l’oeuvre simenonienne, qui signent les différents thèmes abordés. Nombreuses illustrations et une bibliographie très complète des oeuvres, y compris celles écrites sous pseudonymes.
Autre spécialiste patenté, Michel Carly signe Sur les routes américaines avec Simenon(Carnets Omnibus, 372 p). Un ouvrage éclairant sur la période la moins connue de Simenon. L’auteur met ses pas dans ceux de l’écrivain et rend compte par le menu de l’itinéraire, des lieux de séjour, de la vie intime et des rencontres de Simenon au cours de son séjour aux Etats-Unis et au Canada.
Dans Liège couleur Simenon (3 volumes, éditions du Céfal, 560 p.), Michel Lemoine, explorateur inlassable des rapports entre l’écrivain et sa ville natale, visite tous les lieux liégeois cités dans son oeuvre. Avec cahiers d’illustrations et un important appareil de notes.
Simenon ou le roman gris (Textuel, 144 p), réunit, sous la plume de Jean-Baptiste Baronian, neuf « études sentimentales » éclairant chacune un aspect de l’oeuvre. Une exploration originale de l’univers du romancier.
Dans Simenon jeune journaliste (Complexe, 180 p.), Jacques-Charles Lemaire trace le portrait d’un « anarchiste » conformiste. Il y analyse l’idéologie du jeune journaliste de la Gazette de Liège, où Simenon, qui sort de l’adolescence, écrivit une série de billets d’un antisémitisme virulent – textes reproduits in extenso dans l’ouvrage.
Au chapitre des rééditions , notamment: Simenon malgré lui, d’Anne Richter (La Renaissance du Livre, 152 p.), part à la recherche du vrai Simenon à travers une oeuvre qui à la fois le révèle et le masque. Le Mystère Simenon, de Denis Tillinac (La Table ronde, 216 p.): un classique admiratif et lucide qui explore lui aussi « l’univers complexe » de l’homme et de son oeuvre. On ne peut évidemment pas citer les nombreux ouvrages – en moyenne plus d’un par an – écrits au cours de ces cinquante dernières années, dont le vétéran: Le Cas Simenon, de Thomas Narcejac (paru en 1950 et réédité en 2000 par le Castor Astral). Document précieux aussi, et révélateur: l’album des Photographies de Simenon, publié en 1999 par le Musée de la photographie de Charleroi.
Gh.C.