En Belgique, c’est déjà Demain

Pour nourrir leur documentaire, Mélanie Laurent et Cyril Dion ont sélectionné des initiatives du monde entier en faveur de la protection de l’environnement. Mais inutile d’aller au bout du monde. Des solutions, il y en a déjà pas mal chez nous.

Qu’ils soient ruraux ou citadins, ils sont nombreux en Belgique à ne pas avoir attendu la sortie du film pour montrer qu’aujourd’hui c’est déjà demain. Tour d’horizon de ces bonnes résolutions.

L’après-pétrole

C’est la philosophie des  » Villes en transition « , mouvement lancé en 2005 par Rob Hopkins, en Grande-Bretagne, et reprise partout, notamment en Belgique. Des habitants de Bruxelles ont ainsi créé 1000Bxl en Transition, en 2013. Ils retapent leurs anciens appareils dans un Repair Café, apportent leur aide gratuitement dans une banque de temps, organisent un marché gratuit ou plantent leur propre potager partagé en plein centre-ville. Initiatives similaires à Ixelles, Etterbeek, Saint-Gilles, Ath, Liège, Namur… A travers ces projets, les citoyens essaient de trouver un début de réponses aux problèmes économiques, de pollution ou d’alimentation.

Manger local

Des projets d’agriculture urbaine éclosent partout. Dont cette ferme au-dessus des abattoirs d’Anderlecht. Encadrée par Lateral Thinking Factory, bureau de consultance spécialisé en développement urbain qui veut promouvoir l’économie circulaire, elle produira fruits, légumes et poissons dès l’automne 2016 (Le Vif/L’Express du 18 février dernier). En ville comme à la campagne, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour une agriculture raisonnée voire biologique. En Wallonie, un agriculteur sur dix était estampillé  » bio  » en décembre 2014, selon Biowallonie. Beaucoup de ces produits sont écoulés via des plateformes comme La ruche qui dit oui !, L’Heureux Nouveau ou Efarmz. Sur les étals de ces épiceries numériques, point de pommes bio cultivées en Nouvelle-Zélande. A La Ruche qui dit Oui !, les produits sont récoltés dans un rayon de 250 km maximum. Une soixantaine de ces ruches sont en activité en Belgique.

La monnaie locale

Des communes battent leur propre monnaie.  » L’idée, c’est que vous échangez vos euros contre une monnaie locale « , explique Laurence Roland, de Financité. Cet argent influence tout l’écosystème local :  » Vous irez plutôt chez votre boucher qu’au supermarché.  » A Virton, vous pouvez acheter votre pain en épis lorrains. Votre boulanger échangera peut-être sa farine contre ces épis ou paiera l’addition chez l’épicier avec cet argent local. Trois autres monnaies similaires existent en Wallonie. Quatre autres devraient voir le jour en 2016. L’objectif : non pas supprimer l’euro mais être complémentaires en favorisant une consommation locale.

Le recyclage

Selon Eurostat, plus de 80 % des emballages ont été recyclés en Belgique en 2012. Loin devant la moyenne européenne (64,6 %). Mais l’enjeu reste de mieux valoriser encore déchets agricoles, ordures ménagères et boues d’épuration. Une des filières d’avenir : la biométhanisation, ou la production de biogaz à partir de la fermentation de ces déchets. Ce biogaz est ensuite réinjecté dans le réseau de distribution ou produit de l’électricité et de la chaleur. Selon Edora, la fédération des énergies renouvelables, on compterait une quinzaine d’installations en Wallonie. Marginal. Mais la biométhanisation pourrait être une des clés de l’énergie de demain.

Le renouvelable

L’Europe s’est fixé une part de 20 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie d’ici à 2020. Avec des objectifs chiffrés pour chaque pays. Malgré les recours contre les nouvelles éoliennes, malgré la crise du photovoltaïque, la Belgique doit atteindre 13 % de production d’énergie renouvelable à cette date. En 2014, elle en produisait déjà 8 %, surfant sur les politiques de soutien appliquées massivement ces dernières années. Même réduits, les subsides vont permettre d’atteindre l’objectif de 13 % selon Benjamin Wilkin, secrétaire général de l’Association pour la promotion des énergies renouvelables. Notre pays pourrait atteindre 20 % d’énergies renouvelables en 2030. Tout dépendra des politiques de soutien mises en place et de la confiance des investisseurs. Techniquement, c’est possible pour Benjamin Wilkin.

Le vélo

L’énergie 100 % verte, c’est celle que nous ne consommons pas. Une des pistes du documentaire, c’est de délaisser la voiture et de se remettre en selle. Beaucoup utilisent déjà le vélo quotidiennement pour aller travailler. Mais le peloton reste difficile à évaluer. Selon une étude du SPF Mobilité et Transports, 9,5 % des navetteurs utiliseraient le vélo comme moyen de transport. Mais avec de grandes disparités entre Flandre (14,9 %), Wallonie (1,5 %) et Bruxelles (3 %).  » Cette étude représente uniquement les déplacements domicile-travail pour les entreprises de plus de 100 personnes « , nuance Aurélie Willems, du Groupe de recherche et d’action des cyclistes quotidiens (Gracq). Autre défaut : elle ne prend en compte que le moyen de transport principal. Or beaucoup de navetteurs combinent vélos et transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail. Pour estimer l’évolution du nombre de cyclistes, Pro Velo organise des comptages aux heures de pointe dans les grandes villes. Notamment à Bruxelles,  » où une véritable politique est mise en place contrairement à la Wallonie « , selon Luc Goffinet, du Gracq. On constate que le nombre de cyclistes bruxellois a augmenté de 11,5 % en moyenne par an entre 1999 et 2015, selon les derniers chiffres de Pro Velo.

Par Bastien Pechon

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire