Les compositions ambiguës d’Annabelle Guetatra mêlent sensualité et menace diffuse. © National

Eldorado

Le Vif

«Le jeu des apparences trompeuses, la part d’ombre derrière la beauté et la multiplicité des lectures qui peuvent être faites d’une œuvre sont des thématiques que j’aime beaucoup développer», livre Justine Jacquemin, directrice de la galerie Dys, en guise d’introduction à la nouvelle exposition Eldorado.

L’accrochage réunit deux artistes aux pratiques différentes. Annabelle Guetatra (1985), dont le parcours l’a amenée à être l’assistante d’Emilio López-Menchero pour plusieurs occurrences de la série Trying to be (Dutroux, Yasser Arafat…), manie le papier avec grâce. Ses dessins, dont les fonds évoquent la technique du sfumato, font place à des enchevêtrements de corps articulant une mythologie inédite. Troubles, les compositions ambiguës mêlent sensualité et menace diffuse. S’il est question ici d’un paradis, l’œil devine qu’il est fragile et que l’expulsion de cet univers flottant n’ est jamais loin. Le tout pour une mécanique retorse qui s’exprime tout particulièrement dans le fait que ces œuvres se font également sculpturales dans la mesure où elles s’agencent selon «un système de charnière à la façon d’un retable, révélant ou cachant selon le désir de celui qui regarde».

Parallèlement à cet univers traversé de nuances claires-obscures, Etienne Pottier (1983) déploie une série de céramiques et d’œuvres sculpturales. Il y est question d’entrelacs d’animaux et de végétaux qui renvoient immanquablement à la notion de jardin d’Eden. Là aussi, il s’agit d’un paradis «toujours déjà» perdu, selon l’expression du philosophe Jacques Derrida, où l’on est susceptible de se faire happer le doigt aussi sûrement que le Garçon mordu par un lézard dans le célèbre tableau du Caravage.

A la galerie Dys, à Bruxelles, jusqu’au 9 octobre.

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