Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher, deux ministres sans fibre écologique connue pour mettre en œuvre la transition écologique. © belga image

Ecologie et productivisme sont-ils compatibles?

Une Première ministre et deux ministres chargées de la transition écologique, c’est une bonne idée. Débouchera-t-elle sur des actes concrets? Certains sont sceptiques.

Une Première ministre à laquelle a été dévolue une mission de planification écologique et énergétique (Elisabeth Borne), flanquée de deux ministres, l’une en charge de la Transition écologique et la cohésion des territoires (Amélie de Montchalin), l’autre de la Transition énergétique (Agnès Pannier-Runacher): Emmanuel Macron l’avait promis, il l’a fait. «Sur le papier, c’est une structure qui peut se défendre, même si je trouve que le modèle allemand, où sont rassemblées les compétences de l’Economie et du Climat au sein d’un même ministère, est encore plus pertinent, commente François Gemenne, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’ULiège, spécialiste de la géopolitique de l’environnement. Mais que toutes les décisions soient prises à l’aune de la transition écologique est en soi une bonne idée. On a trop souvent connu par le passé des situations où les décisions en faveur du climat avaient tendance à perdre les arbitrages gouvernementaux au profit d’autres urgences.»

L’Etat fait l’aveu qu’il renonce à son rôle de régulation et d’impulsion et qu’il s’en remet aux entreprises pour mettre en œuvre la transition écologique.

Celui qui fut conseiller du candidat Europe Ecologie Les Verts, Yannick Jadot, à la dernière présidentielle, reste cependant sceptique sur le changement à espérer de cette nouvelle structure. En cause, une question de casting. Agnès Pannier-Runacher et Amélie de Montchalin «sont deux personnes issues du monde de l’industrie et de l’entreprise. La justification donnée est qu’elles pourront mieux implémenter la transition écologique parce qu’elles connaissent mieux ce qui se passe dans les entreprises en regard de personnalités au profil plus écologiste qui seraient restées « dans l’incantation ». C’est curieux parce que l’Etat fait ainsi l’aveu qu’il renonce à son rôle de régulation et d’impulsion et qu’il s’en remet aux entreprises pour mettre en œuvre la transition écologique.»

Le «péché» serait-il originel? Dans la volonté d’Emmanuel Macron de conjuguer la question écologique et la question productiviste? «Il y a une incompatibilité fondamentale entre les deux. Si on veut réussir, il faudra passer par une certaine forme de sobriété et produire moins», selon François Gemenne, qui croit désormais plus à l’action de «petites minorités très déterminées dans les entreprises, les collectivités, la société civile pour entraîner le reste de la société» qu’à celle des politiques.

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