Du mouvement, enfin !

Une innovation peut tout changer dans un marché qui avait tendance à trop ronronner et à s’endormir

(1) Gaz, tour hélice, richesse du mélange et réchauffeur carburateur.

Avec son projet visionnaire, le constructeur autrichien d’avions légers, Diamond, a fait preuve de beaucoup de clairvoyance. En 2002, il a lancé le premier appareil équipé d’un moteur Diesel, développé par la société allemande Thielert, sur base du 1,7 litre turbo de la Mercedes classe A. Un bel atout en période de flambée des prix des produits pétroliers ! Le premier de ces avions de ce type a été livré l’été dernier à une société belge, Diam-Air, et il se trouve désormais basé à l’aérodrome de Saint- Hubert.

Ce Diamond DA40 TDI dispose d’un moteur équipé d’un système redondant de gestion entièrement électronique (FADEC), avec une puissance portée à 135 chevaux. De plus, cet avion quadriplace révolutionnaire en composites est doté d’un équipement ultramoderne. Son ergonomie est particulièrement bien conçue, tel qu’on n’en voyait, jusqu’ici, que sur les avions de ligne. La gestion du moteur s’opère très facilement au moyen d’une seule manette, au lieu des 4 (1) présentes sur un avion traditionnel.  » L’avion est si simple que ma grand-mère pourrait le piloter « , s’amuse Frédéric Colson, son pilote instructeur.

Grâce au turbo, la puissance du moteur ne diminue pas avec l’altitude. L’habitacle est aussi spacieux que celui d’une bonne voiture et l’appareil, très agréable à piloter. Malgré une vitesse de croisière supérieure à 125 n£uds (plus de 230 km/h) il est fort peu gourmand et fonctionne soit au diesel automobile, soit au kérosène encore moins cher que le diesel ! Au bout du compte, le coût du carburant au kilomètre de ce bel oiseau blanc est largement inférieur à celui de n’importe quel autre avion, ULM ou même auto ! Or, il peut emmener d’une traite quatre personnes et leurs bagages dans le sud de la France en moins de quatre heures.

Cet avion n’est pas, seulement, un beau jouet qui fait rêver : il pourrait, aussi, offrir de nouveaux débouchés à l’aviation de tourisme, un secteur qui connaît diverses difficultés. Après la Seconde Guerre mondiale, on pouvait imaginer que l’aviation légère allait se démocratiser et qu’elle connaîtrait des progrès techniques spectaculaires, à l’instar de l’aviation de transport. Au lieu de cela, ce secteur a vécu plusieurs décennies de quasi- léthargie, durant lesquelles les avions monomoteurs ont relativement peu évolué, en tout cas en comparaison avec les automobiles, qui représentent évidemment un marché bien plus vaste, permettant de mieux amortir les coûts de recherche et le développement.

Les avancées

Aussi étonnant que cela puisse paraître, de nombreux constructeurs ont connu de graves difficultés. Certains ont fait faillite et les leaders américains Cessna et Piper ont dû interrompre la production de leurs petits monomoteurs. En effet, ils croulaient sous le poids financier des  » liability insurances « , destinées à couvrir leur responsabilité en cas d’accident et assurances indispensables en cas de procès.

D’autre part, le marché des petits avions a fini par connaître une certaine saturation due, entre autres, à la longévité des appareils, robustes et fiables, à défaut d’être très performants. Depuis les années 1980, certaines nouveautés sont néanmoins apparues. Alors que les avions étaient jadis réalisés en bois ou en métal, les matériaux composites ont été de plus en plus utilisés (résine époxy et fibre de verre puis de carbone). De même, l’avionique (c’est-à-dire l’électronique à bord) a également progressé très rapidement, notamment avec les GPS qui se sont répandus dès le début des années 1990 et ont bientôt été dotés de splendides systèmes de cartographie en couleurs à un prix abordable. Somme toute, seuls les moteurs n’avaient guère changé jusqu’ici. Avec le Diamond DA40 TDI, c’est chose faite.

Walter Simonson

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