Dessins anciens en particulier

Découvrir au sein d’un musée une collection privée, c’est un peu comme pénétrer chez un particulier. Il y a une part d’émotionnel… Les MRBAB, à Bruxelles, vous offrent ce privilège.

Trente années. Voilà le temps consacré par un pur passionné (qui préfère taire son identité) pour constituer –  » avec un peu d’argent et beaucoup de patience « , dit-il – cette collection de dessins flamands. L’accrochage – 87 dessins attribués à 65 artistes – livre un aperçu nuancé et quasi-encyclopédique de la production graphique des Pays-Bas aux XVIe et XVIIe siècles : des Primitifs à Rubens et Jordaens (représentants suprêmes de l’art baroque), en passant par les artistes qui ont séjourné en Italie ou par Erasme Quellin et son fils (deux maîtres classicisants). Un parcours savamment complété de rares esquisses de maîtres renommés qui livraient, aux artisans chevronnés, les modèles qu’ils étaient chargés de réaliser en tapisseries, vitraux, pièces d’orfèvrerie ou estampes.

Donnant donnant

Heureux mariage entre secteur privé et institution publique, cette exposition a pu être mise sur pied grâce à la complicité – discrète, mais ô combien précieuse – de la Fondation roi Baudouin. L’idée a germé il y a trois ans. Stefaan Hautekeete, conservateur de la collection des dessins anciens aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique (MRBAB) et commissaire de l’événement, est alors contacté :  » Un collectionneur est venu me consulter au sujet d’une petite exposition qui allait se tenir dans un château, confie-t-il. En observant son ensemble, j’ai très vite mesuré qu’il s’agissait d’une collection de première importance. La qualité pouvait sans mal rivaliser avec notre collection. J’y ai même retrouvé des feuilles que les musées royaux avaient tenté d’acheter au cours des vingt-cinq dernières années… Cet assemblage très représentatif présentait également une importance d’un point de vue scientifique. Il nous a donc semblé plus qu’opportun d’étudier ces dessins et de les partager avec le grand public.  »

Ces dessins – certains totalement inédits – ont fait l’objet de toute l’attention professionnelle requise : des études très poussées ont été menées par une équipe d’historiens de l’art. Le résultat, distillé dans le sublime catalogue (éd. Snoeck, 272 p.), constitue une véritable plus-value. Pas seulement de nature scientifique… L’ensemble de la collection privée se voit valorisée. Dans une relation d’apport réciproque, le collectionneur a confié plusieurs dessins à la Fondation roi Baudouin qui a elle-même décidé de les prêter aux MRBAB. Echange de bons procédés, il a également décidé de faire don d’un de ses dessins directement aux musées : Suzanne et les vieillards de Hans Collaert l’Ancien.  » Dans cette période de disette budgétaire et de compression financière constante, souligne Michel Draguet, leur directeur, les MRBAB ne sont, d’une certaine manière, plus en mesure d’assurer ce qui est probablement leur mission première : l’acquisition du patrimoine d’hier et d’aujourd’hui pour les générations de demain.  »

Faute de moyens, les possibilités d’achat sont forcément très limitées. D’où la nécessité d’encourager les partenariats entre acteurs publics et privés. Initiative d’autant plus estimable que les oeuvres visées viennent idéalement combler certaines lacunes spécifiques des musées.

De Floris à Rubens. Dessins de maîtres d’une collection particulière belge, aux Musées royaux des beaux- arts de Belgique, à Bruxelles. Jusqu’au 15 mai. www.fine-arts-museum.be

Gwennaëlle Gribaumont

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