Des robots contrôlés par la pensée

Assis sur une chaise, Youri, sémillant bambin de 7 ans, porte un casque d’électroencéphalographie (EEG). A ses pieds, un petit robot technique, semblable à un jouet.  » Vas-y Youri, donne-moi des ondes alpha « , lui lance Anne-Marie Clarinval, administratrice déléguée de HumanWaves, une spin-off de l’ULB et de l’UMons. Amusé, l’enfant ferme les yeux. Ses muscles se relâchent, le stress s’évacue. Et la magie opère : le robot avance, commandé à distance par… la simple pensée.  » Le seul interrupteur, c’est le cerveau de l’enfant, explique Anne-Marie Clarinval. En changeant sa fréquence neuronale, il commande tout.  » La scène paraît surréaliste. Et pourtant, dans cette entreprise bruxelloise, c’est devenu une banalité.

Utiliser le cerveau comme une télécommande, on en parle depuis plus de quarante ans. Les recherches sur les BCI ( » brain computer interfaces « , interfaces cerveau – machine) ont officiellement commencé dans les années 1970 aux États-Unis, grâce à des financements de la NSF (National Science Foundation) et de la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence du Pentagone chargée de la recherche avancée. Elles portaient alors sur des singes, dans le cerveau desquels des électrodes avaient été directement implantées. Depuis, des techniques non invasives, comme les casques d’électroencéphalographie, ont relancé les espoirs. Ces derniers décodent de mieux en mieux les impulsions électriques spécifiques de notre cerveau pour traduire nos volontés en ordres concrets pour un ordinateur, une console de jeux ou n’importe quelle machine.

Considérée comme pionnière sur le marché, l’entreprise californienne NeuroSky a d’abord commencé à construire des casques pour des fabricants de jouets comme Mattel. Avant de passer aux choses sérieuses. Leur produit vedette, le Mindwave, permet désormais à ses utilisateurs de connaître en temps réel leur état émotionnel tel que leur degré d’attention, le niveau d’excitation ou de stress ou encore la qualité d’une phase de relaxation ou de méditation. En 2011, la société a rendu open source l’algorithme de son Mindwave, ce qui a permis à de nombreux centres de recherches de s’accaparer cette technologie et de lui trouver des utilisations originales parfois très utiles.

Dans le Massachusetts, le département de neurologie de l’école de médecine d’Harvard a ainsi permis à d’anciens combattants tétraplégiques de contrôler un bras robotique par la pensée. Plusieurs prothèses de main ou de jambe s’allient à ce type de dispositif. Au Japon, le constructeur automobile Toyota a, quant à lui, inventé un fauteuil roulant dirigeable par la pensée. Chez nous, le professeur Guy Cheron, à l’origine de HumanWaves, a développé un projet d’exosquelette piloté par la pensée (le Mindwalker). Demain, des tâches physiquement irréalisables pour l’homme pourront se passer de l’action de nos muscles.

DORIAN PECK

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