« Des bonus pour les fonctionnaires méritants! »

 » L’administration, ce n’est plus Kafka « , juge Vincent Van Quickenborne (Open VLD), ministre fédéral pour l’Entreprise et la Simplification. Tout en plaidant pour une réduction du nombre de fonctionnaires.

Le Vif/L’Express : D’après une enquête du Soir, 32 % des Belges travaillent dans la fonction publique. C’est trop, trop peu ou juste assez ?

Vincent Van Quickenborne : Ce chiffre est largement supérieur à celui de tous les pays voisins. On pourrait penser que c’est dû au fédéralisme, au fait qu’il existe chez nous tant de niveaux de pouvoir. Je n’y crois pas : l’Allemagne est un Etat fédéral, et la proportion d’emplois publics y est bien moins élevée. Cela dit, il faut simplifier nos structures institutionnelles. La suppression des provinces, proposée par l’Open VLD, permettrait déjà de diminuer le nombre de fonctionnaires. Sur ce sujet, je constate d’ailleurs une plus grande volonté d’avancer de la part de la Wallonie que de la Flandre. C’est incroyable… Bon, il faut aussi voir d’où on vient… Le Hainaut emploie 5 000 fonctionnaires, contre à peine 1 000 en Flandre occidentale.

Vous pensez qu’il y a donc trop de fonctionnaires en Belgique ?

Si la Belgique, avec autant de fonctionnaires, possédait l’administration la plus efficace du monde, le débat se poserait différemment. Mais toutes les études montrent que notre administration manque d’efficacité. Dans le domaine des soins de santé, les dossiers médicaux sont encore traités sur papier, avec des vignettes que les patients doivent coller. C’est vraiment un système du xxe siècle ! En réalité, réduire la quantité de fonctionnaires permet souvent d’améliorer la qualité. Belgacom a fortement réduit son personnel. Aujourd’hui, cette entreprise fonctionne mieux qu’il y a vingt ans.

La vague de suicides chez France Télécom a provoqué un grand émoi. La  » modernisation  » des entreprises publiques ne se fait-elle pas au prix d’une énorme pression sur les travailleurs ?

Je n’ai pas eu d’échos de tels drames au sein d’entreprises publiques belges. L’évolution de Belgacom s’est déroulée de façon très sociale, tout comme celle de La Poste. Ne l’oublions pas, la privatisation de Belgacom a été initiée par le socialiste Elio Di Rupo. Et je pense qu’il avait raison.

Dans quelle proportion le nombre d’emplois publics doit-il diminuer ?

Pour le niveau fédéral, c’est simple : dans les dix prochaines années, la moitié des fonctionnaires vont partir à la retraite. Seul un départ sur deux sera remplacé. Voilà une opportunité de réduire la fonction publique sans provoquer de bain de sang social. Le problème, ce sont les Régions, les Communautés et les communes, où la fonction publique a augmenté de 33 000 personnes entre 2003 et 2007.

L’économiste Jean Hindriks (UCL) propose d’augmenter le salaire des fonctionnaires, afin d’attirer des gens de qualité dans la fonction publique. Votre avis ?

Il règne une grande frustration dans l’administration : ceux qui travaillent beaucoup reçoivent le même salaire que ceux qui se foutent de leur boulot. Au lieu de l’égalitarisme actuel, je serais favorable à l’introduction de différents niveaux de revenus, comme dans le secteur privé. Tout en maintenant le statut du fonctionnaire, pourquoi ne pas octroyer une prime aux plus méritants ? Quand il était ministre flamand des Aménagements publics, Dirk Van Mechelen (Open VLD) a été confronté à un gros retard dans le traitement de certains dossiers. Du coup, il a décidé que les fonctionnaires qui rapporteraient des dossiers à la maison recevraient une prime. Le retard a été résorbé en six mois !

En 2004, vous avez lancé le site www.kafka.be. Percevez-vous toujours l’administration comme une vaste bureaucratie au fonctionnement absurde ?

Soyons positifs. L’administration évolue. Ce n’est plus tout à fait Kafka. Dans certains services, l’efficacité augmente.

Entretien : François Brabant

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