Publié au profit de l’unité cancer de l’hôpital des Enfants à Bruxelles, un bouleversant ouvrage de témoignages, de lettres, de portraits, de dessins et de photos, résonne comme un cri qui déchire nos ignorances, à l’heure de l’opération Télévie
Demain, j’irai mieux, par Eric Sariban et Aurore D’Haeyer, Robert Laffont. Sous l’impulsion de RTL, la journée du Télévie aura lieu le 3 avril (les dons reçus sont destinés à la recherche en cancérologie).
Le silence. Il faudrait faire silence. Ne pas ajouter davantage de mots ou d’émotions à ceux de Demain j’irai mieux. Dans ce parcours au sein de l’unité oncologique d’un hôpital universitaire bruxellois, les yeux des lecteurs chavirent, les c£urs tanguent, les certitudes s’envolent et on en prend plein la figure.
Rien de très médical, ici. Rien, et tout. » Des gosses, des bébés qui n’auront connu que la maladie… Et il n’y a rien à comprendre, personne à accuser « , lance Christiane, infirmière. Dans les récits qui se succèdent, les textes, les dessins, les photos, on passe de la colère à la terreur, de la poésie à l’injustice. Et à l’amour, en plus…
Tout au long de ce livre, entre les mots d’espoir et ceux devenus testaments, s’égrène le fruit du travail exceptionnel réalisé par les enfants, sous l’inspiration d’Alain Gits, un instituteur attaché à l’école de cet hôpital. Pendant dix-sept ans, ce gêneur leur a donné carte blanche, les a incités à s’exprimer et les a publiés dans une revue, LibresDits. Parce que, comme il le dit : » Peut-être (…) la capacité de révolte est-elle, plus que le silence ou la soumission, un signe de bonne santé. »
La mise en page de l’ouvrage, subtile, sait faire une juste place aux photos, aux textes, aux reproductions. Témoignages ou portraits à l’écriture soignée aident à progresser, pas à pas, au sein de l’univers de ceux qui se retrouvent propulsés en orbite autour de la planète du cancer. La mère de Myriam raconte que, avant de partir, sa fille lui a dit : » Je suis si contente, l’hiver ne reviendra pas pour moi. » L’hiver est là, sous nos yeux, avec ses tempêtes. Ses ravages. Et ses beautés qui vous explosent tout à coup au visage. Et alors, bizarrement, par la force de ces enfants et des adultes qui gravitent autour d’eux, c’est aussi le printemps…
Pascale Gruber