Daniel Weissmann, l’art de plaire

Barbara Witkowska Journaliste

Ce Français de 58 ans a quitté la fonction de directeur général de l’orchestre Dijon-Bourgogne pour prendre la tête de l’Orchestre philharmonique royal de Liège. Portrait.

Sourire tranquille et chaleureux, dans le regard cette vivacité qui montre une curiosité insatiable à l’égard du monde, gestes calmes… On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Daniel Weissmann s’exprime abondamment, parle tout de suite de musique et évoque l’époque où il a étudié le violon et la musique de chambre au Conservatoire de Bruxelles sous la direction d’Arthur Grumiaux, le célèbre virtuose belge. Donc, la Belgique, il connaît, et a  » l’impression de revenir aux sources « .

Après Bruxelles, direction Paris où il décroche une licence d’économie appliquée à la gestion à l’Université de Nanterre et Paris Dauphine. La formation musicale et la maîtrise des ficelles du business lui permettent d’entamer un parcours original et éclectique. Il remplit plusieurs missions officielles, notamment en tant qu’expert auprès de la commission des affaires culturelles de Bourgogne et monte l’orchestre Chalon-Bourgogne dont il assure la direction artistique, en invitant des stars comme le chef Emmanuel Krivine ou les violonistes Isabelle Faust et Laurent Korcia. Le grand violoniste Patrice Fontanarosa attire son attention. Pendant plusieurs années, il s’occupe de ses tournées et de ses disques. Ce qui fait dire à l’intéressé :  » Daniel Weissmann connaît excessivement bien la musique, c’est un bon gestionnaire, il a le sens des contacts et de l’organisation.  » Le violon toujours à portée de main, il continue de jouer, beaucoup, notamment avec le célèbre altiste Frédéric Lainé qui loue  » ses qualités de musicien, sa fidélité et sa vision globale de la profession « .

En 2009, Daniel Weissmann prend les rênes de l’Orchestre Dijon-Bourgogne (né de la fusion des orchestres de l’Opéra et de la Camerata de Bourgogne). L’envie permanente d’explorer des pistes éclectiques lui fait épauler d’autres projets ambitieux. Comme le festival  » Musique et Vin au Clos Vougeot « , par exemple.  » J’ai créé ce festival en 2008, avec David Chan, premier violon au Metropolitan Opera Orchestra, raconte Bernard Hervet, consultant international pour des domaines viticoles. C’est un festival pour les amoureux du vin et de la musique des deux côtés de l’Atlantique. Daniel Weissmann nous a aidés à le mettre en route. C’est lui, la véritable cheville ouvrière pour tous les aspects d’organisation et de logistique. C’est très rare d’avoir une personne qui a un sens artistique doublé d’un sens de l’organisation et de l’efficacité. Il possède un vaste réseau international, ce n’est pas quelqu’un de franco-français, il a une grande ouverture d’esprit. Il arrive à réaliser des idées un peu folles et ça fonctionne.  »

Une nouvelle vie s’ouvre. Son arrivée à Liège devrait accoucher de moments exceptionnels. Daniel Weissmann veut sortir l’orchestre hors des murs, rêve d’organiser des  » pique-niques  » à l’instar de la Waldbühne à Berlin, ce théâtre mythique de plein air qui peut accueillir environ 22 000 spectateurs. L’autre ambition ? Importer à Liège le concept de Digital Concert Hall (salle de concerts numériques) de l’Orchestre philharmonique de Berlin qui permet d’accéder à tous les concerts, en direct et en streaming, de l’orchestre.  » J’ai des amis à la Philharmonie de Berlin « , ajoute-t-il, l’oeil malicieux. Avant de conclure :  » Le concert dans une salle est un moment privilégié, mais il faut réfléchir à de nouvelles formes et à de nouvelles rencontres, travailler avec les nouvelles générations. A nous d’aller les chercher.  »

Barbara Witkowska

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