Héritage, par Dani Shapiro, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Clotilde Meyer, Les Arènes, 304 p.

Dani Shapiro?

« Tiens, crache là-dedans. » C’est sans idée derrière la tête que Dani Shapiro procède à un test ADN pour connaître ses origines et se trouver, comme tant d’autres le font, de lointains cousins de par le monde. Issue d’une famille juive new-yorkaise, l’écrivaine est à mille lieues d’imaginer que ces quelques gouttes de salive allaient changer sa vie et l’histoire familiale patiemment construite par l’écriture. Son père ne serait ainsi génétiquement pas son père, révèlent les résultats de l’analyse. Le choc est énorme et plonge Dani Shapiro dans une introspection inattendue pour celle qui a fait son succès sur ses récits autobiographiques (non traduits chez nous). Son enquête, livrée ici dans ses moindres détails (stand-by et surprises inclus), passent à la fois par le questionnement familial et la reconstruction des prémices de la procréation médicalement assistée aux Etats-Unis.

Tout en remontant la trace de son père biologique, inconscient de sa descendance, l’autrice refonde ses certitudes qui n’en sont plus. Davantage encore, n’éludant rien de ses frustrations que cette quête implique une fois les principaux acteurs disparus, son récit questionne – comme l’indique son titre – la transmission et ce qui nous construit. La génétique n’a que peu faire des sentiments. Avec une sensibilité et une élégance typiquement côte Est, Dani Shapiro refuse cette « étrangère » en elle (« Je suis la boîte noire, retrouvée des années, de très nombreuses années après le crash »), reconstruit une existence et adresse une déclaration d’amour à celui qui l’a élevée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire