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Crise du coronavirus LeVif/L’Express s’associe à l’UCLouvain.

Le Vif/L’Express s’est associé à l’UCLouvain pour un partenariat exceptionnel. Posez toutes vos questions à ses professeurs et chercheurs, ils vous éclairent sur www.levif.be/expertsUCLouvain. La page, dont voici quelques extraits, est actualisée en permanence.

Si 10 % de contaminés ont presque mis nos hôpitaux à genoux, une seconde vague de l’épidémie recèle un potentiel terrible…

Niko Speybroeck, professeur à l’Institut de recherche santé et société (Irss) :

Une deuxième vague est bien évidemment possible, mais elle sera, espérons-le, un peu moins grave car […] une partie de la population sera probablement protégée. Mais elle sera moins grave uniquement si on est capable de bien surveiller les taux de contaminations, d’ hospitalisations et d’adapter les mesures en fonction. Il n’est pas facile de faire des prédictions, étant donné les nombreuses incertitudes, et nous ne savons pas exactement comment le virus se comportera après un  » exit « , c’est-à-dire à la fin du confinement. Le vaccin est de toute façon le seul moyen d’atteindre une immunité collective. D’ici là, notre seule solution est de gagner du temps avec, par exemple, la suppression progressive des mesures de confinement. En attendant, il y a plusieurs raisons de ne pas aller vers l’immunité collective de manière naturelle, la principale étant d’assurer la capacité de prise en charge des hôpitaux. […] Ne sachant pas précisément comment l’épidémie va évoluer avec le temps, les tests diagnostiques restent très importants pour évaluer le taux des personnes asymptomatiques et ainsi mieux modéliser l’évolution. Cela permet d’imaginer différents scénarios et par conséquent de réadapter les mesures prises.

Quelle est l’évolution des décès non dus au coronavirus au cours des deux derniers mois en Belgique, comparée à la même période de l’année dernière ? Cela permettrait de voir si une bonne partie des morts attribués au Covid-19 le seraient de toute façon, indépendamment de la pandémie.

Catherine Legrand et Michel Denuit, de l’Institut de statistique, biostatistique et sciences actuarielles de l’UCLouvain :

Les chiffres de 2018 oscillent entre 250 et 450 décès quotidiens pour les mois de mars et avril. Il est tentant de les comparer au nombre de décès dus au Covid-19 mais le problème est plus compliqué qu’il n’en a l’air. Il s’agit de déterminer quand seraient décédées les victimes attribuées au virus en l’absence d’épidémie. La question est d’autant plus ardue que les personnes les plus à risque sont aussi les plus fragiles (personnes âgées, immunodéprimées…). Attribuer au virus le décès d’une personne qui serait morte à brève échéance d’une autre cause et dont le virus n’a fait que hâter la disparition reviendrait à surestimer l’impact de la maladie. […] Il faut aussi tenir compte des décès indirects (par exemple, les personnes qui sont décédées d’une crise cardiaque car elles n’ont pas osé se présenter à temps à l’hôpital) et d’éventuels effets bénéfiques de cette épidémie sur certaines causes de mortalité (par exemple, une diminution du nombre de décès dus aux accidents de la route). […] Il serait également intéressant de distinguer la mortalité excédentaire que nous allons observer en présence des mesures prises pour endiguer l’épidémie et l’engorgement de nos hôpitaux et la mortalité excédentaire qui aurait été observée sans ces mesures (ou qui aurait pu résulter de mesures alternatives). […]

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