Coup d’envoi à la Scala

A Milan, Idoménée a ouvert l’année Mozart. Cette production musclée, orchestrée par Luc Bondy, sera diffusée sur Arte le 24 décembre

Le 24 décembre au soir, à 22 h 30, Arte retransmettra Idoménée, de Mozart, donné à la Scala de Milan dans une production signée Luc Bondy. Ce spectacle inédit a ouvert la saison de la célèbre maison d’opéra italienne, en imposant à un public réputé conservateur, outre ce nouveau metteur en scène, un jeune chef y dirigeant pour la première fois, Daniel Harding, et une équipe de chanteurs anglo-saxons. Le succès est cependant au rendez-vous, si l’on en croit les tornades de bravos qui accueillirent la création de cet Idoménée, le 7 décembre. Daniel Harding, si décrié pour sa direction à l’emporte-pièce de Cosi fan tutte à Aix-en- Provence, l’été dernier, a su dompter l’Orchestre de la Scala et en tirer des couleurs insoupçonnées. Particulièrement musclée et vitaminée, cette approche, qui privilégie le rythme sur tout autre paramètre musical, est l’antithèse de celle qu’a défendue pendant vingt ans Riccardo Muti – un contraste sans doute salutaire pour les Milanais, qui ont perdu l’ancien directeur de la Scala cet été à la suite d’un véritable divorce à l’italienne. Par sa vivacité, la direction de Harding donne au premier opéra de la pleine maturité de Mozart la dimension dramatique réclamée par le livret, très sombre. Le roi Idoménée retourne en Crète après sa victoire sur Troie, mais il est surpris par une terrible tempête. Si terrible qu’il fait à Poséidon le v£u de sacrifier le premier homme qu’il rencontrera sur le rivage, pourvu que lui et ses hommes échappent au naufrage. Lorsqu’il arrive dans sa patrie, la première personne qu’il croise est… son fils Idamante. Que faire ?

Cette trame a servi à Luc Bondy pour imaginer un drame familial hors du temps, plus proche de Cris et chuchotements que de L’Odyssée. Seule une grande toile peinte sur le thème de la mer, terrifiante ou protectrice, en fond de scène, vient rappeler au spectateur où il est. Sans doute la télévision rendra-t-elle justice à la direction d’acteurs, très tendue, souhaitée par le metteur en scène. Ses caractères en action, pris dans les remords de la promesse macabre d’Idoménée, y trouveront une intimité que la scène n’autorise pas. Elle permettra aussi d’observer au plus près de véritables tempéraments, comme la furieuse Electre d’Emma Bell, une véritable révélation.

Avec cet Idoménée, l’année Mozart commence bien. Et une nouvelle ère s’ouvre sans doute pour la Scala, sous l’impulsion de son directeur depuis quelques mois, le Français Stéphane Lissner. Une nouvelle naissance, n’est-ce pas ce que nous attendons la veille de Noël ?

B. D.

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