Comment sortir du cercle vicieux ?

Comment concilier le besoin d’assainissement des finances publiques et la nécessité de stimuler la croissance et l’emploi ?

Retrouvez la chronique de Thierry Fiorilli les lundis et mardis à 7 h 20 sur Bel-RTL Matin.

Le poids de la dette publique doit être réduit si on veut éviter de (re)tomber dans l’effet  » boule de neige  » qui oblige à consacrer au service de la dette une part croissante des moyens disponibles. Ce serait catastrophique au moment où l’impact budgétaire du vieillissement se fait de plus en plus sentir. La partie active de la population devrait supporter à la fois la charge croissante de la dette et celle des personnes âgées. Impossible ! Mais, en même temps, les mesures prises pour réduire le déficit, s’ajoutant à celles prises pour tenter de rétablir la compétitivité, dépriment la demande, ce qui a pour conséquence d’accroître le chômage et de diminuer les recettes fiscales et sociales. Insupportable !

Si la demande domestique ne peut être relancée via le budget et si les exportations n’offrent qu’un soutien limité, que reste-t-il ? L’investissement. Celui-ci a un impact positif sur le long terme car il augmente le potentiel de croissance de l’économie mais il peut aussi créer de l’emploi dans le court terme, par exemple dans les secteurs de la construction et de l’équipement. Toutefois, l’investissement public diminue en raison des contraintes budgétaires. L’espoir de voir la diminution des investissements publics nationaux compensée par une hausse significative des investissements financés par le budget européen a été tué dans l’oeuf par le compromis malheureux du Conseil européen. Reste donc l’investissement privé. Les ressources pour le financer ne manquent pas : épargne colossale des particuliers dans certains pays, trésorerie abondante de nombreuses sociétés du nord de l’Europe, investisseurs institutionnels, fonds souverains… Mais ces ressources énormes ne financeront pas l’investissement dans les pays qui en ont le plus besoin aussi longtemps que les risques politiques, économiques et sociaux seront aussi élevés.

Pour contourner cet obstacle, le think tank indépendant European Policy Center (EPC) propose que l’Union européenne crée un Fonds européen de garantie des investissements qui apporterait une forme d’assurance à ceux qui investissent dans les pays en crise. Pour être crédible, ce Fonds devrait être alimenté par une dotation de départ mais il n’y aurait de paiement effectif que dans la mesure où le risque couvert se réalise. En fait, cela reviendrait à utiliser au profit de l’investissement dans le sud de l’Europe la méthode bien connue de l’Allemagne qui assure par un fonds public les investissements de sociétés allemandes dans des pays en développement. Les arguments ne manquent pas en faveur de la création d’un tel Fonds : il serait une preuve de confiance dans l’avenir à long terme des pays en crise ; ce serait un instrument beaucoup moins coûteux que des subsides ; en cas de réalisation des risques, les paiements iraient à des sociétés de pays qui seraient les plus gros contributeurs au Fonds, ce qui rend le schéma plus acceptable politiquement. Surtout, il contribuerait à réaliser ce qui était un objectif majeur lors du lancement de l’euro : une meilleure allocation des ressources permettant une plus grande convergence des économies.

Certes, les détails du projet devraient être soigneusement analysés, notamment quels risques pourraient être couverts et dans quelle proportion. Mais le Conseil européen pourrait demander que ces analyses se déroulent rapidement de manière à pouvoir décider début 2014. Une telle demande serait déjà un signe de confiance.

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