Comme les banlieues françaises ?

François-Xavier de Donnea (MR) veut renforcer les pouvoirs du ministre-président de la Région bruxelloise en matière de sécurité. Il s’en explique.

Le Vif/L’Express : Votre proposition n’est pas nouvelle. Vous l’aviez déjà présentée avec Olivier Maingain, il y a quatre ans. En vain. Pourquoi l’exhumer aujourd’hui ?

François-Xavier de Donnea : En Belgique, il ne faut pas avoir raison trop tôt… On préfère attendre que les catastrophes surviennent pour réagir.

En quoi consiste votre proposition ?

Il s’agirait de transférer les pouvoirs de coordination du gouverneur de Bruxelles en matière de police au ministre-président de la Région bruxelloise. Quitte même à élargir ces pouvoirs pour permettre à l’exécutif bruxellois de regrouper certains services des six zones de police, au niveau logistique, informatique, stratégique, etc. Il est extrêmement frustrant pour le ministre-président, et je l’ai été, de ne disposer d’aucune prérogative en matière de sécurité, d’autant que la population bruxelloise vous tient pour responsable de tout ce qui se passe à Bruxelles.

Du côté flamand, certains prônent de fusionner les six zones de police de Bruxelles…

Cette idée, qui n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques, mettrait en péril le travail de proximité des zones de police. Or cette proximité doit être maintenue.

Si l’on suit votre proposition, la fonction de gouverneur de Bruxelles serait carrément supprimée !

En effet. Mais je prévois de maintenir la fonction de vice-gouverneur qui deviendrait un commissaire du gouvernement et resterait compétent en matière de respect des lois linguistiques dans les communes de la Région.

Les problèmes de sécurité à Bruxelles vous inquiètent ?

Ceux qui les minimisent sont soit des aveugles, soit des menteurs. Tirer sur des policiers à la kalachnikov, ce n’est tout de même pas anodin ! Si l’on n’y prend garde, le problème des banlieues françaises nous pend au nez à Bruxelles, avec la circonstance aggravante que les zones à problèmes se trouvent non pas à la périphérie de la ville mais en plein centre.

Les chiffres policiers en matière de criminalité sont en baisse à Bruxelles. Ne tenez-vous pas un discours sécuritaire cher au MR ?

Ces chiffres ne reflètent pas la réalité. Les victimes rapportent seulement les crimes de sang ou les délits dont la déclaration est exigée par les assurances, comme le vol de voiture. Pour le reste, le chiffre noir est important.

Renforcer les pouvoirs de la Région en matière de coordination policière, c’est la solution ?

Non, une partie de la solution. Il faut jouer sur tous les tableaux, tant en aval au niveau de la justice, afin que les délinquants attrapés par la police ne restent pas impunis, qu’en amont, pour lutter contre le décrochage scolaire. Je continue de prôner la création d’établissements de type internat pour re-scolariser et resocialiser les jeunes en rupture complète.

ENTRETIEN : TH. D

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