Chypre bientôt réunifiée ?

C’est la condition pour que la partie turque de l’île entre, elle aussi, dans l’Europe, dès ce printemps

Ce sont sans doute les négociations de la dernière chance. L’île de Chypre va-t-elle entrer, réunifiée, dans l’Union européenne le 1er mai ? Ouverts depuis le 19 février, les pourparlers portent sur un projet de règlement du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, qui prévoit la création d’une confédération chypriote sur le modèle suisse. Le calendrier, lui aussi fixé par Kofi Annan, est particulièrement contraignant : les dirigeants chypriotes grecs et turcs ont jusqu’au 22 mars pour se mettre d’accord. S’ils n’y parviennent pas d’ici là, la Turquie et la Grèce viendront s’asseoir à leur tour à la table des négociations pour une semaine supplémentaire de pourparlers. S’il reste, le 29 mars, des questions en suspens, c’est Kofi Annan qui tranchera. Ainsi finalisé, le texte de l’accord devra être soumis à des référendums qui seront organisés le 21 avril, dans le nord et le sud de l’île. Si le  » oui  » l’emporte, l’île réunifiée adhérera à l’Union européenne le 1er mai. Sinon, seule sa partie grecque rejoindra l’Union.

Cela fait certes trente ans que Chypre est divisée û depuis qu’en juillet 1974 les troupes turques sont intervenues dans le nord de l’île û mais, cette fois, les négociations ont davantage de chances d’aboutir. Dans la partie turque, l’opinion est de plus en plus favorable à la réunification, condition de l’entrée dans l’Europe. Jamais, surtout, les pressions internationales, et plus particulièrement celles des Etats-Unis, n’ont été si fortes. Ce sont d’ailleurs des coups de fil du secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, aux ministres des Affaires étrangères grec et turc qui ont permis que soit accepté, in extremis, le scénario proposé par Kofi Annan, et notamment la possibilité pour ce dernier de trancher, en dernier ressort, les points litigieux. Chypre ne présente pas d’intérêt stratégique particulier pour Washington. La Turquie, en revanche, est un pays clef pour la diplomatie américaine. Aux confins de l’Europe et du Moyen-Orient, elle est l’un des seuls Etats de la planète à conjuguer islam et laïcité, tout en appartenant à l’Otan. Les Etats-Unis sont, en outre, de fervents supporters de l’entrée d’Ankara dans l’Union européenne. Or cette adhésion serait grandement facilitée si l’île de Chypre y entrait, le 1er mai, dans sa totalité.

Dominique Lagarde

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