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Chômeur sous intelligence artificielle

La N-VA presse le Forem flamand de mieux exploiter les ressources des algorithmes pour profiler les sans-emploi. Prudence, prudence, rétorque la ministre régionale de l’Emploi, Hilde Crevits (CD&V).

L’intelligence artificielle (IA) s’immisce partout. Jusqu’à proposer les services de ses algorithmes pour « cracher » avec une précision quasi chirurgicale la meilleure offre d’emploi possible à celui qui est en demande. Le VDAB, l’équivalent flamand du Forem, ne reste pas insensible à l’efficacité présumée d’un tel outil qu’il utilise déjà depuis quelques années, quoique « un peu avec des hauts et des bas », concède Hilde Crevits (CD&V), ministre régionale de l’Economie, de l’Emploi et de l’Innovation. Le potentiel est là, « le recours aux datas et à l’intelligence artificielle peut mener un client vers des domaines auxquels il n’aurait pas songé en matière de jobs, de choix professionnels, de compétences ou de CV mieux rédigés. »

Et la vie privée?

Encore faut-il prendre le temps de se familiariser avec toutes ces formules mathématiques, d’apprivoiser ces modèles prédictifs censés doper les chances d’un demandeur d’emploi de reprendre le collier. Prudence, recommande donc la ministre, au risque de tempérer l’enthousiasme du « monsieur emploi » de la N-VA au parlement flamand, Axel Ronse, lequel regrette une frilosité du VDAB en la matière, en particulier face au monde patronal alléché par la perspective de pouvoir faire son marché dans ses bases de données.

C’est que l’usage de l’IA comme arme de destruction massive du chômage n’est pas sans risques, la technologie pouvant être source de création de stéréotypes et soulevant des questions éthiques: la vie privée, même celle d’un chômeur, doit se respecter. « Je ne voudrais pas que, demain, nous en arrivions à une situation où tous les employeurs en Flandre pourraient voir qui cherche du travail », rappelle Hilde Crevits. Hors de question, en tout cas, que l’IA ait le dernier mot et se transforme en une machine à alimenter aveuglément les sanctions à l’égard de chômeurs qui auraient le malheur d’être en délicatesse avec les algorithmes. D’où l’intention de doter le VDAB d’un conseil éthique chargé de tenir à l’oeil l’intelligence artificielle. Sage précaution.

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