Ces éoliennes qui font du bruit…

Le nucléaire veut-il la peau de l’éolien ? La question peut paraître stupide, tant elle paraît rétrograde. A part dans le chef de quelques écologistes attardés, l’idée que le vent puisse rivaliser avec l’atome au point de le remplacer demain ne règne dans aucun esprit éclairé. Mais, à force de remettre aux calendes grecques le grand débat public sur l’approvisionnement énergétique du pays, la Belgique en arrive à bruisser de rumeurs troublantes.

Ainsi, certains s’interrogent sur la double sortie médiatique qui, en quelques mois, a jeté l’opprobre sur les éoliennes, au point de faire douter l’homme de la rue de l’indispensable rôle de complément aux centrales classiques joué par celles-ci. L’une émanait de la KUL, au nord du pays ( lire l’article ci-dessus), peu avant Noël. L’autre de son homologue francophone (UCL), où un climatologue de renom, pronucléaire, y est allé du même couplet pendant l’automne. De là à croire que des milieux politiques encouragent des voix académiques réputées, ou les départements qui les emploient, à discréditer une filière en pleine émergence, il y a un pas que certains observateurs ont franchi.

Il est vrai qu’un autre fait troublant, passé presque inaperçu, donne de l’eau à leur… moulin. Adoptée en juillet et en octobre 2005, une nouvelle réglementation fédérale, censée fixer un cadre clair pour l’implantation des éoliennes en mer (off shore), semble compromettre gravement l’essor des éoliennes terrestres (on shore), qui seraient discriminées par rapport à la filière off shore. Plus grave : cette récente législation pourrait casser les marchés régionaux de  » certificats verts « , un mécanisme qui vise à garantir à la fois la rentabilité économique de toutes les énergies renouvelables en Belgique et le respect d’objectifs chiffrés de production dans ces filières. Avec une poignée de producteurs, Edora (qui compte les principaux acteurs du secteur des énergies alternatives) vient de déposer un recours au Conseil d’Etat contre le nouvel arrêté.

Parmi les opposants les plus cyniques à cette législation, il en est même qui estiment que celle-ci, (mal) préparée par le ministre fédéral de l’Energie, Marc Verwilghen (VLD), n’aurait d’autre objet que de nuire à l’état d’avancement des parcs éoliens en mer, voire des énergies renouvelables en général. Et, par la même occasion, de tailler des croupières à Johan Vande Lanotte (SP.A), l’homme fort d’Ostende, promoteur des énergies renouvelables et responsable, lorsqu’il était ministre de la mer du Nord, de la délimitation de la zone susceptible d’accueillir les éoliennes off shore. Et de rappeler que les appels les plus réguliers à revoir la loi prévoyant la sortie de la Belgique de la filière nucléaire viennent précisément du même Verwilghen et, surtout, de son parti, le VLD.

Ph.L.

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