Brel, l’incandescent

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Il y a vingt-cinq ans, disparaissait Jacques Brel, inoubliable météore de la chanson française. Une grande exposition invite à retrouver le grand Jacques, artiste hors norme qui a su transcender ses maladresses des débuts en une ouvre fulgurante, intense et largement mémorable. Dossier

A lire : Brel, une vie, réédition du livre d’Olivier Todd, chez Robert Laffont.

A écouter : une double compilation, contenant cinq inédits ainsi qu’un coffret sont prévus chez Universal, en septembre.

Alors que s’ouvre Brel, le droit de rêver, la grande exposition organisée par la Fondation Brel ( lire page 71), et qu’une poignée de chansons sont annoncées pour septembre, le vingt-cinquième anniversaire de la mort de Brel pose aussi la question de la pérennité de son £uvre, collée à une vie romanesque et boulimique, exprimée dans un talent de  » performer  » inouï : clown tragique, chanteur transpirant, Brel reste aussi profondément dans les mémoires par ces centaines de concerts où il enchaînait, roublard et noceur, une chanson triste à une autre, beaucoup plus gaie. Une présence scénique déchirante, tétanisante, un type qui aimait les bars et les femmes, presque autant que les mots.  » Il y a plusieurs Brel, mais ils parviennent à coexister ; c’est quelqu’un de multiple, mais d’unifié. Timide, il en remettait ; misogyne, il a eu beaucoup d’histoires d’amour ; la preuve de Brel, c’est la preuve par Brel « , explique Olivier Todd, auteur de la biographie de l’artiste.

La question brelienne, il la connaît bien, après deux années passées à se documenter, et quatre mois supplémentaires à écrire Jacques Brel, une vie, paru en 1984, et vendu aujourd’hui à plus de 300 000 exemplaires.  » Je l’avais rencontré en 1967, pour faire un portrait dans Le Nouvel Observateur. Il a commencé par faire son Brel, son numéro pour les journalistes, dans un bar, en enchaînant les bières. Il lançait des formules provocatrices ou banales : ôLes femmes sont des enfants » ; ôLes mensonges font la vérité », etc. Cela ne s’est pas bien passé mais, lorsque, à ma demande, on s’est revus, il a changé de ton et m’a annoncé, entre autres, qu’il allait quitter la scène. Je l’ai cru.  » Selon la belle expression de Todd,  » Brel a fait son mai 1968 en mai 1967 « . Le 16 de ce mois-là, il donne un ultime concert dans un petit cinéma de Roubaix, dans le nord de la France, et clôture ainsi  » quinze années d’amour avec le public « .

France Brel, sa fille et directrice de la Fondation Brel, explique que son père était  » le contraire d’un carriériste « .  » Pour Jacques (elle l’appelle toujours comme ça), la vie n’était pas d’être chanteur, mais de vivre. Il a toujours décidé de ce qu’il voulait faire : quitter Bruxelles, quitter la chanson ou faire de l’aviation. Au départ, il voulait écrire des chansons pour les autres mais, comme personne n’en a voulu, il les a chantées lui-même. Souvent, les vies partent sur des malentendus.  » Il est vrai que les débuts de Brel sont pour le moins difficiles. Les témoins des premiers temps voient débarquer un type long et maigre, portant une fine moustache de Zorro, affublé d’une dentition panoramique, accroché à une guitare qui distille sa prose aux grands airs de naïveté romantique et d’une foi en voie de digestion difficile. Très peu pensent alors que celui que Brassens appellera  » l’abbé Brel  » deviendra un jour  » quelqu’un « . Mais pas Jo Dekmine, actuel directeur du Théâtre 140, à Bruxelles :  » Je l’ai engagé pour un gala de charité, au local des scouts de Saint-Albert, en 1950 ou 1951. Il dégageait déjà quelque chose, même s’il entrecoupait ses chansons de blagues. C’était entre le génie qu’on lui connaît et le talent de raconteur en société. C’était un généreux, un chaleureux, un donnant, il parlait, parlait, parlait… On est restés amis et, plus tard, en Allemagne, où je faisais mon service militaire et organisais des concerts, Brel s’est improvisé agent de ses copains. Il m’avait proposé, entre autres, Barbara !  »

Entre-temps, Brel s’est installé à Paris et tourne sans cesse dans les cabarets.  » Il en faisait trois par soir, précise Jo Dekmine : L’Echelle de Jacob, La Tête de lard et Chez Patachou. Il était assez jaloux du succès de François Deguelt ( NDLR : épisodique vedette des années 1950), et c’était l’époque où Mouloudji faisait des grandes salles. Il m’a engueulé quand je lui ai dit que j’allais me marier parce que, pour lui, le mariage… Mais il n’a jamais lâché ni sa femme ni ses copains.  » Lorsque Dekmine retrouve Brel, une décennie plus tard, il est devenu une immense vedette de la chanson française.

Le Graal de l’enfance

Depuis Quand on n’a que l’amour, paru en 1956, il n’a cessé d’écrire sur le sentiment désespéré, la conquête de l’impossible, les m£urs de son pays natal et les  » adultes déserteurs  » de la bourgeoisie catholique qui a façonné son enfance, sorte de Graal mythifié qu’il a toujours déclaré ne jamais vouloir abandonner ( lire les  » souvenirs d’enfance  » page 72).  » Cela devait être à l’Olympia, en 1964, sa période de lyrisme éblouissant, poursuit Dekmine. En scène, il n’était pas une  » bête  » comme on pourrait le dire de Hallyday, mais une force incroyable, une dynamite de mots. On s’est retrouvés dans les coulisses, devant des filles qui riaient dès la moitié de ses blagues. Ça l’agaçait un peu, tout comme l’insistance des femmes de maires de province qui savaient qu’il partirait le lendemain…  » Pour Dekmine, l’incroyable bond qualitatif qui transforme peu à peu le jeune homme maladroit en romancier extraordinaire de la chanson tient à la propre révélation de son talent dans un torrent de travail :  » Il a fini par savoir où il était.  » Pour Olivier Todd,  » Il y a une transformation de Brel qui va s’éloigner des premiers textes û effroyables ( sic) û pour arriver à une sorte d’universelle convivialité qui passe par un phrasé mélodique propre à toucher les gens. Brel est un  » poète par moments  » : plusieurs de ses textes tiennent la route sans musique. Il est tout en instinct, travaille la langue de manière particulière, a le sens du vocabulaire. Si Brel se soûlait, c’était surtout au travail. Et il savait s’entourer de seconds talentueux, comme François Rauber, arrangeur et pianiste, et Gérard Jouannest, qui l’a longtemps accompagné sur scène « . Brel était un causeur, un charmeur et un libertaire-conservateur, imposant ses vues, parfois étroites, à ses propres filles ou refusant de rencontrer un admirateur nommé David Bowie parce que l’allure de celui-ci ne lui convient pas.

France Brel a, elle aussi, observé la transformation paternelle :  » Intellectuellement, il a trouvé un lieu d’épanouissement pour son intelligence ; il a compris que la chanson était un outil, une école de vie extraordinaire. Comme Jacques était un verbal, comme il dormait peu û cinq heures par nuit û, comme il était autodidacte et grand lecteur, il a développé peu à peu une culture politique et littéraire autant que musicale. Il rencontrait sans cesse des interlocuteurs avec lesquels il pouvait brasser tout cela et, au final, il en sortait des choses, avec une énergie considérable. Il aimait rencontrer des gens parce que, avec lui-même, il s’emmerdait un peu. Et, s’il était envahi par un mal-être, il n’en parlait pas mais ne sortait pas pendant un jour ou deux. Dès qu’il allait mieux, hop ! il faisait des crêpes ou nous emmenait faire des courses ( rires). Il refusait d’être un adulte et, pour lui, c’était très difficile de s’asseoir face à vous, enfant, et de dire ôComment ça va ? ». Dans la pratique, dans le quotidien de sa paternité, il n’a pas toujours été le père qu’on attendait, mais on ne peut pas lui en vouloir, parce qu’il a eu une fonction paternelle avec tellement de gens…  »

Brel intime

Dans les années 1960, le triomphe de Brel annonce une deuxième partie de vie û acteur, cinéaste ( lire page 74), navigateur, aviateur, etc. û, aussi multiple que sa vie privée. Dans Brel, une vie, Olivier Todd raconte largement ses liaisons extraconjugales :  » J’ai pensé que, pour un type comme Brel qui parle autant d’amour, on pouvait également en parler à son sujet. J’ai l’impression que Brel, qui aimait énormément les femmes, cherchait peut-être une femme qu’il n’a jamais trouvée, la mère… Les révélations sur sa vie amoureuse ont choqué certains de ses admirateurs qui en avaient fait une statue, mais je pense qu’enlever la peinture d’une statue la rend parfois plus humaine. Et Miche (Thérèse Brel- Michielsen, sa femme) a eu beaucoup d’estomac pour digérer tout ce bouquin. Quelles que soient les relations qu’ils aient eues chacun de son côté, Miche avait décidé que Brel était à part, définitivement original.  » Pour France Brel, ses parents  » font partie d’une génération où le silence a fait beaucoup de dégâts. Ma mère avait épousé un type un peu doux-dingue qui se prénommait Jacques, elle ne s’attendait pas à être emportée dans le tourbillon Brel. Elle a suivi tout cela en faisant confiance à un sentiment « . En famille, à Bruxelles, Brel ne parle pas de son métier :  » Ce qui était un peu bizarre dans la mesure où, à l’extérieur, on nous posait sans cesse des questions du style ôAlors ton père sort un nouveau disque ? » et on n’en savait rien !  »

Aujourd’hui, alors que la re-médiatisation de son père tourne à nouveau à plein rendement, France Brel est concentrée sur l’expo préparée ces deux dernières années, mais gère toujours le nom de Brel en famille, surtout avec Miche (la troisième fille, l’aînée, Chantal, est décédée en janvier 1999), avec la réputation d’avoir la main moins lourde et mercantile que d’autres (Mme Hergé et son mari, pour ne pas les citer). France Brel se dit peu sensible aux anniversaires et aux célébrations diverses. On la croit volontiers quand elle place son respect davantage au niveau du  » public de Jacques  » qu’à celui des honneurs.  » On reçoit cinq à six cents lettres par mois, des tas de demandes d’adaptation en tout genre de chansons, de l’univers de Jacques, on en refuse entre 5 et 10 %. Je me fous des accents de patois, et Ne me quitte pas en salsa ne me dérange pas, mais si on change complètement la musique ou les paroles, si on insulte Jacques, alors non. Non à un synopsis français qui présentait Brel comme un type à putes, qui passe son temps dans les bordels, à boire, et rien d’autre. Ou qui décrit ma mère allant embrasser mon père à pleine bouche dans les coulisses ; ça ne se passait pas comme ça.  » On sent que, parfois, le manteau Brel doit être un peu lourd à porter pour France et les siens. En particulier, la dernière partie de la vie de Brel n’a pas été la plus facile pour la famille restée à Bruxelles. Très loin des Marquises.

Aux Marquises

Ni Prince ni U2 n’auraient osé le faire : lancer un nouvel album dans des conteneurs hermétiques qui ne s’ouvrent qu’au jour et à l’heure de la sortie officielle du disque. Le 17 novembre 1977 à 12 h 51, un million d’exemplaires du dernier 33-tours de Jacques Brel est donc mis en vente ainsi, un peu partout en Europe. C’est le premier disque composé de matériel entièrement original, depuis l’album de septembre 1968. Brel sera furieux d’apprendre cette man£uvre publicitaire imaginée par Eddy Barclay, qui fonctionnera pourtant au-delà de toutes les prévisions : deux millions de copies sont vendues en moins de trois mois. Mais Brel est déjà reparti aux Marquises avec sa compagne Maddly Bamy, rencontrée aux Caraïbes, fin 1971, sur le tournage de L’aventure, c’est l’aventure, de Lelouch. C’est la dernière étape d’un voyage entrepris à bord de l’ Askoy, un bateau de 17 mètres de long, à l’été 1974, avec sa fille France et Maddly. Voyage tumultueux au cours duquel Brel se découvre un cancer du poumon : il retourne en Belgique pour y être opéré et laisse France seule à bord du bateau en escale. A leurs retrouvailles, ils continuent à naviguer à trois mais, à la Martinique, le père et la famille se fâchent :  » Je me suis fait virer par Jacques, mais la tierce personne a un peu aidé à la chose « , explique France Brel. Désormais seul avec Maddly et l’idée d’une mort qui se rapproche, Brel arrive un peu par hasard aux Marquises, en novembre 1975, après un long périple dans le Pacifique. Explorant notamment la possibilité de s’installer sur un atoll, à une heure de Tahiti, Brel finit par s’installer aux Marquises en juin 1976 : sur l’île de Hiva-Oa, masse balsamique noire, refuge de 1 200 habitants avec moins d’une centaine de  » popaa « , de Blancs. Il y loue une modeste maison de quatre pièces, à cinq minutes du cimetière où est enterré Gauguin.

Vincent Verhaeren, ingénieur du son, en retraite depuis quatre ans de la RTBF, était présent aux Marquises, en juin 1978, avec le réalisateur Maurice Vermeersch et le cameraman Baudouin Saeremans. Officiellement, pour tourner une séquence Visa pour le monde, mais sentimentalement pour rencontrer Brel, qui n’avait pourtant pas répondu à leur courrier. Verhaeren :  » Après vingt-six heures de vol, on est arrivé à Hiva-Oa et Brel était à la descente de l’avion, pour nous. Je crois qu’il était vraiment content de retrouver des Belges, des gens qui avaient un peu partagé les mêmes milieux, l’enfance au collège catholique et tout ça. Il parlait très peu de la France mais tout le temps de la Belgique, de ses conneries linguistiques. Il parlait  » des filles de la famille « , pensant qu’à sa façon il y était toujours resté fidèle ( NDLR : Brel continuait à correspondre avec Miche, mais le courrier de ses filles ne lui arrivait pas…). Maddly était à la fois sa confidente, sa servante, sa femme et ils semblaient très proches. Brel disait qu’il était amer quant au rôle de certains, notamment celui de Barclay. Il s’était vraiment intégré à la vie de l’île et avait acheté un projecteur de cinéma pour amener des films aux gens du village. Il avait plein de projets : les plans d’une nouvelle grande maison plus proche de l’aéroport étaient prêts, et il voulait apprendre à piloter un sous-marin ! Il nous invitait chez lui pour faire d’incroyables repas de gourmets.  »

Même si Brel fait souvent des gueuletons, arrose la vie de champagne et de vins fins, met tout le village dans le coup pour éloigner les importuns û y compris le capitaine du port û, utilise volontiers le petit avion qu’il a acheté pour les besoins de la collectivité locale, les Marquises ne seront pas son paradis. Pour Todd, le climat, les moustiques, l’isolement de l’endroit en font, surtout aujourd’hui,  » un lieu de pèlerinage sinistre « . Pour Brel, dans son désir de se couper du monde û sans vouloir l’oublier û, les Marquises ont nourri l’une de ses plus belles chansons.  » S’il n’y a pas d’hiver, cela n’est pas l’été/La pluie est traversière, elle bat de grain en grain/Quelques chevaux blancs qui fredonnent Gauguin (…) Veux-tu que je te dise/Gémir n’est pas de mise, aux Marquises « . L’ultime album de Brel contient une dispensable provocation sur les flamingants ( Les F… ) et plusieurs moments éblouissants ( Les Marquises, Orly, Jaurès). La mélancolie est énorme, la qualité littéraire à son apogée, les mélodies d’une insondable beauté, d’une tristesse presque métaphysique. Le disque, dont il n’aime ni le lancement par Barclay, ni la pochette réalisée par un cousin de son imprésario Charley Marouani, contient pourtant l’hommage à Jojo, l’ami cher, le double que Brel couvrait de son indéfectible amitié. Enregistré en août 1977, à Paris, en compagnie des fidèles Rauber et Jouannest, cet ultime opus discographique est pourtant le travail d’un Brel affaibli par la maladie, d’un chanteur au poumon solo poursuivi par la presse à sensation.

Mais les vrais déchirements auront lieu après sa mort, le 9 octobre 1978, à Bobigny. Maddly, sa compagne, s’estimant sans doute trahie par le testament de Jacques û qui lègue tout à Miche û se laissera aller à certains comportements qu’on qualifiera de mercantiles. Maddly fera même un procès (perdu) à la famille Brel, arguant que c’est elle qui a écrit le dernier disque de Jacques… Un quart de siècle plus tard, France Brel dit ceci :  » Au niveau affectif, Brel avait rencontré des dames très élégantes dans la manière, des ôBreliennes », si vous voyez ce que je veux dire, qui avaient compris Jacques. Et je crois que Maddly n’a jamais vraiment connu Brel, qui est mort entouré de rapaces. Mais ressasser tout cela donne un goût de cendres, il faut oublier les squelettes au placard, les laisser faire Halloween ensemble. Ce n’est pas ce que l’histoire retiendra de toute manière.  »

L’histoire retiendra sans doute qu’on peut aujourd’hui qualifier le travail de Brel d' » £uvre « , sans que le terme paraisse ridiculement galvaudé. On peut aussi se laisser éblouir par les images û pas assez nombreuses, finalement û d’un type qui donnait tout en chansons, surtout dans ses concerts tétanisants qui valent bien ceux des Stones, d’Elvis ou de Clash à leur zénith. Brel savait aussi que la vie est plus large et plus forte que n’importe quelle chanson. Même pour ceux qui n’y croient pas, ne le connaissent pas, le comprennent mal, veulent le réduire à un quelconque appendice de  » brelgitude « , Jacques Brel est bien là pour rester. Comme les Beatles ou Mozart, sans doute fait du même tissu indémodable. Plus complexe que cette image de type à col roulé qui, pour les caméras, se plie volontiers à la philosophie de comptoir. Plus subtil que ses chansons faibles (surtout parmi les premières) qui sentent trop le formica des années 1950. On peut donc s’en imprégner, s’en repaître, s’en soûler, si on le désire, mais on ne doit pas momifier quelqu’un capable tant de prendre l’accent bruxellois au cinéma que de ressusciter ses propres rêves de Don Quichotte sur une scène d’Opéra. Un enfant qui, quoi qu’il en dise, avait bel et bien fini par grandir !  » J’ai peur de la sous-brelitude, du mausolée, peur d’une Belgique qui se résume à Hergé, Simenon et Brel « , lance Jo Dekmine, avant d’ajouter :  » Mais quelle merveille, ce type ! Y a-t-il des objets musicaux de la même force aujourd’hui ? Je suis pour Jacques Brel donc, mais contre la brelitude.  »

Philippe Cornet

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