Serena Fineschi métamorphose le conflit et la douleur en une potentielle régénération. © Marina Dacci
Le Vif

Outre le fait qu’elle figurait au casting de La Vie matérielle, fascinante et tactile exposition à la Centrale, Serena Fineschi (1973, Sienne) avait déjà marqué les esprits à la Montoro12 Gallery, époque rue de la Régence. On se souvient d’un talent particulier à inscrire la question de la corporalité dans le champ de l’art contemporain. On s’était passionné pour l’utilisation très juste d’une grammaire formelle pauvre d’apparence mais riche en évocations: emballages de chocolat évoquant une sacralisation de l’ordinaire, chewing-gums dûment mâchés sacrant la gluante persistance du monde moderne ou encore mégots trempés dans de l’or 24 carats pointant nos vies addictives. Sans oublier une percutante œuvre au néon rouge, Viva questo mondo di merda («Vive ce monde de merde» en VF), qui en disait long sur la perte de l’innocence à l’œuvre. C’est dire qu’on attendait l’intéressée au tournant.

Cette fois, la plasticienne ne débarque pas seule mais en compagnie de Loredana Longo (1967, Catane), ce qui relance totalement le processus créatif. Ensemble, les deux artistes ont vu grand: elles déploient une trentaine d’œuvres sur deux niveaux avec une intéressante confrontation des pratiques en guise d’horizon plastique. La proposition est traversée par une tension manifeste. Il est ici question de métamorphoser le conflit et la douleur en une potentielle régénération. «Ce sont autant de petites batailles individuelles qui nous accompagnent chaque jour dans nos relations sociales et intimes liées à notre identité: de l’enfance à l’âge adulte, de la relation à notre corps à celle à nos émotions qui conditionnent notre vie dans le monde. Ce sont en réalité des chemins d’analyse, de destruction des stéréotypes d’où émergent des visions qui insufflent une nouvelle vie dans les relations», souligne la curatrice Marina Dacci. Leur mise en scène s’apparente à une leçon d’ouverture et de dépassement de soi plus qu’indispensable à l’heure actuelle.

A la galerie Montoro12, à Bruxelles, jusqu’au 30 octobre.

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