Boycott point net

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Pour ainsi dire gratuit et accessible par tous à tout moment, un site Internet représente une excellente plate-forme d’appel au boycott

www.boycottbush.net L’intitulé de l’adresse a le mérite de la clarté. Sur ce site, on nous invite, ni plus ni moins, au boycott du président des Etats-Unis. Fort bien, mais comment faut-il s’y prendre exactement pour boycotter un président des Etats-Unis ? Ne plus serrer la main de George Walker lorsqu’on le rencontre fortuitement à une garden-party ? Ne pas se rendre à ladite festivité, si on le sait présent sur la liste des invités ? Pas vraiment… Pour que l’action soit efficace, Boycottbush vous conseille de frapper là où ça fait mal, c’est-à-dire au portefeuille. Pour ce faire, l’adresse reprend une liste de compagnies commerciales dont les dons au parti républicain ont facilité l’élection de Bush fils. Aussi longtemps que la première puissance mondiale n’aura pas ratifié les accords de Kyoto, il est donc demandé aux visiteurs de ne plus consommer de produits manufacturés par ces sociétés.

Même si, au fil du temps, Boycottbush est devenu le porte-drapeau de la lutte contre Bush sur la Toile, son origine américaine l’empêche de prendre pleinement parti dans le conflit irakien. Pour une action plus percutante contre la guerre en Irak, il faut donc se tourner vers des adresses européennes. Ainsi, sur US Go Home (http://usgohome.free.fr), on ne fait pas dans la dentelle. En guise d’introduction, les auteurs appellent à  » boycotter massivement les produits des compagnies américaines qui soutien-nent et financent les guerres et réalisent d’énormes profits dans le crime organisé contre les peuples. Les sociétés de l’armement et du pétrole évidemment, mais aussi des centaines d’autres dont les actionnaires s’interchangent et nous manipulent « . S’ensuit une interminable liste de produits à ne plus acheter. Du déodorant à la savonnette, des sodas à la poudre à lessiver, aucun rayon de nos supermarchés n’échappe à la vindicte.

Et de l’autre côté de l’Atlantique ?  » Nous l’avons toujours été, nous le sommes encore et j’espère que nous serons toujours détestés par la France.  » C’est par ces mots prêtés au duc de Wellington que Boycott French Products (www.boycottfrenchproducts.org) lance sa campagne contre les produits français. Le but du boycott ?  » Appliquer suffisamment de pression économique sur la France afin de forcer le gouvernement français à reconsidérer ses priorités en ce qui concerne son rapport avec les Etats-Unis et le monde…  » Encore plus revanchard, c’est derrière un  » J’accuse  » à la Zola que le site conservateur Metrospy (www.metrospy.com/boycott.htm), û qui, soit dit en passant, s’est payé une pleine page de publicité dans le New York Times pour promouvoir son adresse û  » n’oublie pas la façon dont la France a inlassablement travaillé pour soutenir l’Irak « . Et, d’Air France à Michelin, sans oublier Lancôme ou le fromage Saint-Marcellin, le patriote américain est prié de ne plus accorder sa confiance à une centaine de produits made in France. Mondialisation oblige, certaines sociétés se paient même le luxe d’être boycottés des deux côtés de l’Atlantique ! Comme quoi, à force de pratiques douteuses, on arrive toujours à faire l’unanimité. Même en temps de fortes tensions internationales. V.G.

Laurence van Ruymbeke

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