Beethoven, une valeur sûre

Marathon multisensoriel, sur les traces du maître de Bonn. Et si ce dernier était né à Liège ?

Du 8 au 14 mars, en la salle philharmonique de Liège, 25, bd Piercot, 4000 Liège Tél. : 04 220 00 00. Fax : 04 220 00 01. www.opl.be – E-mail : location@opl.be

Qu’est-ce qu’un génie ? » se demande gravement le polytechnicien et spé- cialiste des questions de l’éducation Claude Thélot dans son livre L’Origine des génies (Seuil, janvier 2003). Il n’arrivera à cerner sa définition que par la tangente des qualificatifs, dont trois déterminants :  » créateur, fulgurant, acharné « , qu’il appliquera à 350 sujets, sélectionnés dans onze disciplines, au cours des cinq derniers siècles, en Europe occidentale. Et devinez lesquels, chez les compositeurs, sont hissés sur le podium des vainqueurs ? Bach, Mozart et Beethoven. Incroyable. Et des trois lequel Thélot place-t-il en tête ? Beethoven, c’est dingue. Mis en balance avec Mozart (qui, à l’OPL, fit déjà l’objet d’un premier festival en 2001), mais non avec Bach qui souffre, dans ce classement, de n’avoir pas écrit d’opéra… Preuve supplémentaire, s’il en fallait, que miser sur Beethoven, c’est miser sur le plus grand, le meilleur, reconnu comme tel.

Si constater que c’est toujours du même qu’on attend la recette peut faire soupirer, les mélomanes se réjouiront quand même, mais peut-être in petto, de l’aubaine : du 8 au 16 janvier prochain, la salle philharmonique de Liège vibrera non-stop au son de la musique du maître, déclinée sous toutes ses formes, piano, quatuors, chant, musique sacrée, concertos, symphonies,  » pom pom pom pom  » comprises, dans lesquelles il importera de ne pas tomber (programmes effectivement renversants).

Du lundi au jeudi, quatre pianistes phares û Vitaly Samoshko, Peter Petrov, Boyan Vodenitcharov et Dominique Cornil û se succéderont chaque jour à 18 heures pour trois des onze sonates û de celle dite Au clair de lune à celle dite Les Adieux, plus les 32 variations Woo 80 û, séances de pur concert, suivies d’autres, axées sur la réflexion, voire la spéculation : Jérôme Lejeune, découvrant que Ludwig avait failli naître à Liège, se livre à une Beethoven-fiction lundi 8 à 20 heures… Et sur le thème,  » Dans l’oreille d’un sourd : pourrait-on guérir Beethoven aujourd’hui ? », Thomas Van Hamme revoit le Testament d’Heiligenstadt, mardi 9, toujours à 20 heures.

D’autres rencontres et découvertes, notamment la présentation d’une £uvre spécialement réalisée pour le Festival Beethoven par le jeune plasticien et designer Erlic Petit (lundi, 21 h 30), une séance d’écoute comparée des interprétations de la Sixième Symphonie dite Pastorale (vendredi, 18 heures), pour en arriver au week-end, où les événements vont se précipiter.

Célèbre académie !

Le samedi sera consacré (en gros) aux cordes : avec un premier concert de quatuors (les nos 11 et 13 et l’op. 133) par le Quatuor Castagneri, le concerto pour violon par Vadim Repine, et la Septième Symphonie,  » Apothéose de la danse « , dans laquelle on sait combien Louis Langrée, directeur musical du Philharmonique de Liège, se révèle bouleversant. Mais ce n’est encore qu’un début. Le lendemain, dimanche, concert marathon, reprenant fidèlement un programme voulu û et réalisé û par Beethoven le 22 décembre 1808, une  » académie  » restée célèbre, avec les Cinquième et Sixième Symphonies, la Fantaisie pour piano, ch£ur et orchestre, le Quatrième Concerto pour piano, avec Claire-Marie Le Gay, que l’on retrouve également dans la Fantaisie chorale pour piano, ch£ur et orchestre, et dans la Fantaisie pour piano seul op. 77, l’air Ah ! Perfido, avec la soprano Alexia Cousin, et des extraits de la Messe en do majeur, avec le Ch£ur symphonique de Namur, dirigé par Denis Menier. Pour le confort de tous, ce programme est donné en quatre parties, avec pauses roboratives et festives.

Car le festival ne se limite pas aux plaisirs de l’écoute. Il y aura aussi la dégustation du gâteau  » Beethoven  » créé par Myako Sakai, les joies consuméristes au foyer Ysaÿe et la Fnac, les jeux-concours, les délices du café viennois, et une exposition de photos de Jean-Michel Demaison, consacrée aux  » Coulisses de l’orchestre « . l

Martine D. Mergeay

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