» Après pareille tragédie (NDLR : l’extermination par les nazis), le sort des Tziganes aurait dû changer du tout au tout. Il n’en fut scandaleusement rien « . Pour preuve, aujourd’hui, » à l’époque du politiquement correct où pas un mot ne doit dépasser d’un autre, […] aucun autre peuple en Europe ne subit un tel torrent d’insultes « . Journaliste au Canard enchaîné, Dominique Simonnot a voulu donner corps à cette douloureuse réalité en contant la vie quotidienne d’une jeune fille rom et de sa famille entre 2015 et 2017 à Paris et ses environs dans Amadora, une enfance tzigane (Seuil, 224 p.). On vit donc au plus près, et comme jamais, l’entraide et la violence dans les camps de baraquements ; leur destruction administrative par les bulldozers alors qu’ils constituent » une petite société qui ne marche pas si mal » ; la promiscuité des chambres d’hôtels louées par l’assistance sociale ; la difficulté, dès lors, des parcours scolaires ; la recherche d’un emploi et, encore plus laborieuse, d’un logement stable ; le racisme et la solidarité de certains Français ; et, invariablement, la quête éperdue de nourriture dans les poubelles, au mieux celles des grands magasins… Toutes ces aventures sont décrites à partir du point de vue d’Amadora, la seule grande de la famille qui parle correctement le français, et grâce à la complicité établie avec elle par l’auteure. Et malgré la fracture sociale et numérique à laquelle ces populations sont soumises, on se dit à la lecture de l’ouvrage de Dominique Simonnot qu’une insertion dans la société ou à tout le moins une cohabitation avec ce mode de vie ancestral devrait être possible avec un peu de bonne volonté.
