Arno à la française

Philippe Cornet Journaliste musique

L’Ostendais déballe son French Bazaar

(1) Idiots savants est le titre du disque d’Arno enregistré en 1992, à Nashville.

French Bazaar et discographie chez Virgin.

En concert le 25 octobre au Cirque royal et le 27 à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles (complet).

Infos au 0900 260 60

(0,45 euro/min).

Le nouvel album du crooner d’Ostende s’appelle French Bazaar, titre finalement assez propice à décrire la situation d’Arno Charles Hintjens, 55 ans, heureux avec son propre  » bazaar  » francophone. Celui-ci contenant treize chansons en français. Si Arno n’a jamais été aussi populaire en Belgique, c’est bel et bien la France et son spacieux marché du disque et du spectacle vivant qui font de lui une vedette en temps réel. Après un début de réputation hexagonale avec son groupe TC Matic à la charnière des années 1970-1980, c’est la carrière solo d’Arno û débutée en 1986 û qui l’installe véritablement en France. Une reconnaissance en progression constante depuis Arno à la française, album de 1995 où le morceau fétiche Les Yeux de ma mère consolide son auteur dans son personnage mi-autiste, mi-romantique. Au-delà du formidable paradoxe qui veut que le chanteur belge contemporain le plus populaire en France soit flamand, il est clair que les Français ont largement craqué pour le prototype d' » idiot savant  » (1) que symbolise Arno. Ce fin manipulateur est capable de quitter brusquement le plateau du Cercle de Minuit pour  » aller faire pipi  » ( sic) mais s’avère aussi détenteur d’un formidable charisme scénique et d’un solide talent pour construire un univers façon Baudelaire-de-la-rue ou  » version rock de Brel « , éternels sujets de fascination pour le public français toujours sensible aux trublions exotiques (Kusturica, Tom Waits…). Arno a également le bon goût de reprendre régulièrement des classiques du  » cru  » : sur French Bazaar, il se fend d’une très belle version du Sarah de Reggiani et regarde une nouvelle fois le Grand Jacques Voir un ami pleurer. Contrairement aux apparences, Arno est également un parfait chef d’entreprise qui gère son image comme son patrimoine : managé par Cyril Prieur, connu pour avoir développé le profil international de Patricia Kaas, Arno s’est offert une signature directe sur un label français, ne dédaigne pas une BO de film bien rétribuée et a tendance à garder plutôt serrés les cordons de sa bourse. Comme quoi une gestion en  » bon père de famille  » s’applique aussi chez les rockstars du cru…

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