
À côté de la plaque
L’ anecdote est connue: un jour, Brassaï oublia une plaque de verre, avec laquelle il réalisait des oeuvres au croisement de la photographie, de la gravure et du dessin, dans l’atelier de Picasso. Ce qui devait arriver arriva, l’artiste espagnol s’en servit pour développer un travail particulier sur ce support. « Et en effet, elle n’est plus vierge! », s’écria Brassaï en découvrant la plaque retravaillée par le natif de Malaga. A l’heure où l’art contemporain redécouvre cette technique, Anaïs Boudot se réapproprie la plaque de verre en dialoguant avec les deux maîtres précités. Ici, il ne s’agit non plus de prédation mais de rendre aux modèles féminins leur dignité. Là où chez Picasso et Brassaï le grattage s’apparente à une sorte de « barbarie » esthétique, la diplômée de l’Ecole nationale supérieure de la photographie choisit l’or pour « redorer ces images d’inconnues, sublimer l’image de ces femmes, ces muses si peu considérées par ces maîtres et oubliées de l’histoire de l’art ».
Les Oubliées. Picasso, Brassaï, par Anaïs Boudot, The Eyes publishing, 80 p.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici