20 ans de temps présent

Entremêlant théâtre, danse, musique et arts numériques, VIA souffle ses 20 bougies et confirme la fructueuse union culturelle entre Mons et Maubeuge

Lancé en 1986 par Didier Fusillier, à l’époque futur directeur du Manège à Maubeuge, VIA a toujours eu pour objectif  » d’être le reflet de ce qu’il y a de plus novateur en art scénique « , comme le rappelle Yves Vasseur, intendant du Manège.Mons, partenaire de l’événement depuis que la capitale hennuyère a uni son destin culturel à celui de Maubeuge. Au départ centré sur le théâtre, ce festival s’est ensuite ouvert à la danse, à la musique puis aux nouvelles technologies qui, depuis treize ans, sont l’un de ses arguments principaux :  » Si l’on veut rester à l’écoute de ce qui se fait de neuf, on ne peut passer à côté d’elles, sans pour autant en faire une exclusivité, mais une spécificité, poursuit Vasseur. Une spécificité qui a tout son sens puisqu’au sein du Manège.Mons nous avons un secteur de formation et d’aide à la production en matière d’arts numériques.  »

Pour ses 20 ans, ce festival transfrontalier n’en profite pas pour nous jouer la carte de la nostalgie ou de la rétrospective, même si, précise Vasseur,  » nous sommes fiers de ce que nous avons derrière nous, avec un palmarès réunissant des personnalités comme Bob Wilson, Peter Brook ou Robert Lepage « . Seul  » revival  » au tableau, les Canadiens de The Holy Body Tattoo et leur langage chorégraphique flirtant allègrement avec les limites de l’endurance physique et les aspects multimédias. Dans leur Running Wild, pas d’images virtuelles pourtant, mais quatre corps explorant en cinq tableaux les caresses et brûlures de la passion humaine. Une pièce intime et forte, oscillant entre sensualité envoûtante et intensité viscérale (les 10 et 11, à Mons).

La quatrième dimension

Autre pointure canadienne, Marie Brassard nous revient avec son Peepshow, présenté en début de saison au Théâtre 140, à Bruxelles. Un seul-en-scène charnel, sombre, drôle et humain, pour une galerie de personnages livrant leur intimité blessée ou troublée. Le tout rehaussé d’un surprenant traitement électronique de la voix (les 17 et 18, à Mons). Pointure encore, mais belge cette fois, avec Alain Platel et son récent VSPRS (les 16 et 17, à Maubeuge). Sur fond de Monteverdi largement relooké, voici une pièce aux allures de patchwork chorégraphique scandé par d’hypnotiques scènes d’ensemble tout en spasmes névrotiques… Parmi les autres propositions, pointons deux ovni, entre installation et performance (les 10 et 11, à Maubeuge) : LSP ou quand les sons et leurs oscillations prennent corps dans l’espace via deux lasers, ainsi que FEED, une composition spatiale entre lumières, sons, brumes et figures humaines qui s’annonce pour le moins hallucinante.

Et si VIA s’attache aux technologies, sa 20e édition ouvre une porte de sa programmation à des rendez-vous dans lesquels le sens prime avant toute forme. Deux productions où le théâtre se fait le témoin de notre société et de l’actualité. A commencer par Mes obsessions… (du 14 au 17, à Mons puis à Maubeuge) : une mise en voix d’un texte de Marie Louise Mumbu, pour un portrait d’une vie au féminin dans le Kinshasa d’aujourd’hui. Recent Experiences, ensuite (les 16 et 17, à Feignes),  » un travail très pertinent de contestation, d’une certaine manière, du régime en Iran. Et s’il y a bien un pays dont on parle ces dernières semaines, c’est celui-là « , ajoute Vasseur avant de préciser :  » Voilà deux types d’expérience que nous renouvellerons et provoquerons même, dans les années à venir, pour avoir ce regard direct sur le monde actuel.  »

Enfin, VIA, c’est aussi une exposition annuelle. Le thème de cette 20e édition : Lumières sonores. Au menu, cinq installations. Ou quand lumière et son viennent habiter et faire vibrer l’espace… En somme, une en- trée dans la 4e dimension, ou presque.

VIA, du 9 au 19 mars, dans différents lieux entre Mons et Maubeuge. Tél. : 065 39 59 39 ; www.lemanege.com

Olivier Hespel