En partenariat avec Rolex
Chaque année, le monde produit 340 millions de tonnes de plastique, dont la majorité termine dans les rivières, les océans et dans des décharges polluant l’atmosphère, les sols et l’eau. Pour régler ce problème mondial, Miranda Wang, Lauréate du Prix Rolex, a eu l’idée d’utiliser une technologie de recyclage chimique unique.
À la périphérie de Surate, une ville animée de la côte ouest de l’Inde, une usine flambant neuve est sortie de terre en l’espace de six mois seulement. Mais aucune trace de fumée toxique étouffant la ville, ni de déchets déversés dans la rivière, bien au contraire. En effet, l’usine récolte des déchets plastiques, les décompose en éléments chimiques et a le potentiel de recycler les déchets plastiques à l’infini. Pour Miranda Wang, ingénieure technique et Lauréate du Prix Rolex, c’est un rêve qui devient réalité.
Une étape importante pour Miranda
Après des années d’innovation et de recherches ciblées, la société Novoloop a construit une usine de démonstration qui prouve que le processus de conversion mis au point par Miranda Wang et son équipe peut fonctionner en continu 24/7 dans un contexte industriel. En 2024, en collaboration avec un fabricant local de produits chimiques, l’usine indienne a tourné sans interruption pendant 100 heures pour convertir du polyéthylène usagé en matériaux d’une qualité irréprochable. Une étape importante pour Miranda Wang : cette réalisation permet d’organiser l’expansion commerciale de son système et a des implications globales pour la relation qu’entretienne les citoyens avec les déchets et le changement climatique.
Un modèle pour un monde meilleur
« Cette usine de petite dimension est littéralement un modèle pour des usines à échelle mondiale », explique Miranda Wang. « Ces usines n’utiliseront plus de combustibles fossiles pour leur production, mais consommeront désormais des déchets, 24/7, et seront entièrement automatisées. Dans un avenir proche, nous pourrons exploiter cette technologie pour fermer une fois pour toutes le robinet des combustibles fossiles et développer une économie circulaire pour les plastiques. »
Le fléau de la pollution et des déchets
En s’attaquant à la crise du recyclage, Novoloop se concentre singulièrement sur la catégorie spécifique du polyéthylène, un plastique difficile à recycler. L’un des plus grands défis auxquels est confrontée l’industrie du recyclage est que le plastique recyclé mécaniquement est de moindre qualité et n’offre qu’un nombre limité d’applications commerciales par rapport au plastique dérivé de combustibles fossiles.
À l’échelle mondiale, 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année à partir de combustibles fossiles purs, mais seulement 9% du plastique est recyclé. Cela engendre de plus en plus de déchets, tandis que le forage de nouveaux gisements de pétrole brut et de gaz se poursuit, et que la terre, la mer et l’air s’emplissent de plastiques abandonnés. » « J’ai toujours eu horreur de la pollution et du gaspillage », explique Miranda Wang. « Ma famille m’a appris à aimer la nature, et je veux la protéger. »
Une visite déterminante
Miranda Wang a fondé Novoloop avec son associée Jeanny Yao. Amies de longue date, Miranda et Jeanny ont grandi au Canada et se sont rencontrées au club de recyclage de leur université. Un jour, à l’occasion de la visite d’une usine de traitement des déchets, les deux amies ont été choquées de constater à quel point le processus de recyclage était inadéquat. Depuis, elles ont travaillé ensemble pour trouver une solution et se sont vouées avec détermination à leur mission, malgré des obstacles comme les fluctuations de l’économie mondiale, les fermetures d’usines dues au Covid, et les changements dans leur vie privée.
Viser un impact maximal
En 2019, Miranda Wang et Jeanny Yao ont réussi à décomposer le polyéthylène, un succès qui a valu à Miranda le Prix Rolex. Cette preuve de confiance, et le soutien de Rolex représenté par ce prix, ont permis aux deux associées de tester, d’améliorer et de développer leur technologie. Leur procédé innovant a évolué vers la transformation de déchets en matériaux compétitifs et durables.
En s’associant à des leaders industriels existants, Novoloop entend maximiser son impact mondial. Miranda Wang et Jeanny Yao envoient les éléments chimiques, ou « monomères », qu’elles produisent dans l’usine de démonstration indienne vers leurs partenaires en Chine, qui est le leader mondial de l’industrie du polyuréthane. Les monomères sont utilisés comme matière première pour des produits intermédiaires (les polyols, un composé chimique organique caractérisé par la présence de plusieurs groupes -OH, par exemple des sucres hydrogénés ou des alcools de sucre) et des matériaux composites (le polyuréthane thermoplastique TPU, qui est utilisé pour les produits commerciaux haut de gamme comme les baskets). Ces partenariats permettent aux deux associées d’accroître la commercialisation et, par conséquent, l’impact de leur technologie.
91% d’émissions de carbone en moins
Avec le soutien de l’Initiative Perpetual Planet de Rolex et en collaboration avec des entreprises chimiques de premier plan, Novoloop a réussi à installer une usine de 70.000 kilo en six mois dont la conception, la construction et l’exploitation. Dans cette usine, Miranda Wang et Jeanny Yao ont prouvé que leur technologie est sûre et fiable également à une échelle industrielle, et qu’elle est efficace, puisqu’elles y ont produit des tonnes de leurs produits. Lors de la transformation des déchets plastiques, leur procédé génère 91% d’émissions de carbone en moins que les procédés conventionnels, tout en restant compétitif, en termes de qualité et de coût, par rapport au plastique issu de combustibles fossiles. L’essai s’est avéré si concluant que Novoloop envisage déjà d’accroître sa production. D’ici 2030, Miranda Wang et Jeanny Yao visent à traiter jusqu’à 175.000 tonnes de déchets plastiques par an avec leur projet, ce qui permettrait d’éviter jusqu’à 800.000 tonnes de CO2 par an.
L’avenir est entre nos mains
Pour ce qui est de l’avenir, Miranda Wang est convaincue que d’ici 100 ans, la production humaine de matériaux sera entièrement circulaire. « Et ce sera nécessaire, pour le bien de la planète et des générations futures », dit-elle. « J’ai un fils d’un an et je veux travailler chaque jour à lui offrir un avenir meilleur. Nous devons croire que c’est possible. Je ne dis pas que ce sera facile. Mais lorsque je regarde d’autres personnes qui œuvrent pour un avenir meilleur pour notre planète, et beaucoup d’entre elles sont membres de la famille Rolex, je ressens de l’espoir. Nous avons l’avenir entre nos mains. »
Rolex soutient des personnes et organisations qui recherchent et développent des solutions aux problèmes de la planète et qui ainsi contribuent à rendre le monde meilleur et à préserver la planète pour les prochaines générations. Dans cette série Le Vif met leurs efforts en lumière. Le Vif a réalisé ces articles en toute indépendance rédactionnelle.
Découvrez ici l’article précédant dans cette série : Rolex National Geographic Explorers of the Year 2025 dévoilent les secrets des manchots