Des enfants jouent près des maisons détruites durant une veillée rappelant le début les frappes aériennes saoudiennes sur une zone résidentielle à Sanaa au Yémen le 21 juin 2016. © Khaled Abdullah © REUTERS

Yémen : 80% de la population est en manque urgent d’aide humanitaire

Stagiaire Le Vif

Le nombre de morts ne cesse d’augmenter au Yémen. Depuis plus d’un an, un conflit peu médiatisé ravage le pays tuant beaucoup de civils innocents. Une coalition menée par l’Arabie Saoudite y combat les positions des rebelles houthis.

En mars 2015, une coalition de plusieurs pays arabes sunnites, conduite par l’Arabie Saoudite, a entamé une opération militaire au Yémen contre des rebelles issus de la minorité chiite. De nombreuses frappes aériennes viennent heurter le pays. En cause ? Les Houthistes, une minorité chiite exerçant sur le pouvoir yéménite en place, une importante pression. Le contrôle territorial de plus en plus étendu de cette organisation amène l’Arabie Saoudite à penser qu’un mouvement chiite pro-iranien pourrait émerger et s’allier avec eux.

Présents sur une bonne partie de l’ouest du Yémen, les Houthistes ont un accès direct au détroit de Bal el Mandeb qui permet le passage entre le golfe d’Aden et la mer rouge. Dans ce sens, la monarchie saoudienne craint la mainmise de l’Iran sur les deux voies de passages principales permettant les flux de pétrole vers les marchés occidentaux. Le but poursuivi par l’Arabie Saoudite en attaquant les rebelles houthistes est de remettre en place le président sunnite, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait dû fuir le pays pour Riyad suite aux rébellions des Houthistes. Son rétablissement empêcherait la rébellion chiite de progresser et permettrait à l’Arabie Saoudite de garder son emprise sur le marché du pétrole dans le golfe persique.

Reconnu par la communauté internationale, l’ONU a approuvé la décision de l’Arabie Saoudite. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont donc prêté main forte pour repousser le mouvement sur les plans d’armements et de renseignements militaires.

6400 morts depuis un an

L’ONU estime qu’actuellement, 80% de la population yéménite a besoin d’aide humanitaire urgent. Une aide qui peine à arriver dans le pays qui est déjà l’un des plus pauvres du Moyen-Orient. Entre mars 2015 et avril 2016, 6400 morts ont été dénombrés, dont la moitié représente des civils. Dans son rapport annuel de 2015 sur le sort des enfants victimes de conflits armés, l’ONU dénonce la coalition menée par l’Arabie Saoudite comme responsble de 60% des enfants tués et blessés et en impute 20% aux rebelles Houthis. L’organisation a aussi attribué à la coalition 57% des 42 attaques relevées contre des écoles.

Fin avril, des négociations de paix, commanditées par l’ONU, ont été ouvertes au Koweït. Celles-ci n’ont pas encore abouti, les deux parties ne se mettent pas d’accord sur les divisions territoriales. De plus, le chaos que connait le Yémen a favorisé, dans la partie centrale du pays, l’implantation de l’Organisation de l’Etat islamique. Déjà sous l’emprise d’Al-Qaida, Daesh a entrepris des attaques dans la capitale et sur d’autres parties du territoire houthiste. Ces groupes ne sont pas inclus dans les négociations et représentent pourtant une des causes meurtrières du conflit.

L’intervention des pays occidentaux dans le conflit se veut elle aussi assez ardue. Liés par des coalitions d’armement et de pétrole avec l’Arabie Saoudite, les puissances occidentales restent en retrait. Bien qu’avec deux millions et demi de personnes déplacées depuis le début du conflit, le conflit devrait peut-être bientôt les obliger à se sentir concernées.

Par Ornella Diaz Suarez

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