Une statue de Lénine à Saint Petersbourg © istock

Un Russe sur deux souhaite un retour au système soviétique

Le Vif

Selon un sondage publié la semaine dernière par le Centre Levada, la moitié de la population russe souhaite un retour à l’économie planifiée soviétique. Et ce ne sont pas seulement les nostalgiques de Staline qui émettent cet avis, mais aussi, étonnamment, les plus jeunes générations.

Le journal suisse Le Temps s’est penché sur un sondage du centre Levada, une organisation non gouvernementale russe indépendante de recherches sociologiques. Il révèle qu’une majorité de Russes (52%) désire un retour à l’économie planifiée soviétique et que seulement 26% d’entre eux se disent satisfaits du modèle actuel de leur pays fondé sur la propriété privée et l’économie de marché. Les 22% restant ne se prononcent pas.

Au niveau politique, 37% donnent leur préférence au soviétisme, 23% au système actuel tandis que 13% seulement des sondés russes optent pour la « démocratie sur le modèle occidental ». 8% veulent un autre modèle (non défini) et 19 ne se prononcent pas.

Avec la crise économique, la récession et les médias nationaux qui vantent les points positifs de l’époque soviétique, « période de stabilité, de grandeur internationale et d’exploits scientifiques », on assiste actuellement en Russie à une certaine nostalgie du temps de l’URSS.

La dissolution de l’empire soviétique a en effet été suivie d’une chute brutale du niveau de vie des Russes. Lidia Antonova, 67 ans, comptable à la retraite, a reçu le journaliste du Temps chez elle. Elle évoque sa nostalgie de l’époque révolue que ressentent de nombreux compatriotes de son âge: « Le système soviétique était plus juste et les rapports humains plus sains. Il n’y avait pas tous ces oligarques et ces bandits qui volent en toute impunité. On vivait chichement, mais on savait ce qui nous attendait le lendemain. On se sentait protégés » explique-t-elle. « Avec Poutine, la situation s’est améliorée, poursuit Lidia. Mais aujourd’hui, la hausse des prix est telle qu’on se demande si on ne va pas à nouveau se retrouver dans la misère. C’est pourquoi je pense qu’on ferait mieux de revenir à l’économie soviétique« . Face aux souvenirs des files interminables devant les magasins et l’impossibilité de voyager à l’étranger à l’époque, elle rétorque: « Mais aujourd’hui, je n’ai pas les moyens d’aller à l’étranger! En plus, on ne nous aime pas beaucoup là-bas, en Occident. Je ne veux pas me reposer chez des gens qui méprisent les Russes. »

Culte de Staline

Le Kremlin s’est aussi bien gardé d’effacer les symboles du passé. Des statues de Lénine trônent toujours ostensiblement au centre des villes et villages. Le culte de Staline refait même surface, des bustes lui sont érigés, des éloges lui sont adressés par des personnalités médiatiques. Le ministre de la Culture, Vladimir Medinski, fait ainsi la promotion active de la peinture réaliste socialiste et a inauguré dernièrement en grande pompe une exposition consacrée au portraitiste préféré de Staline.

Plus étonnant, explique Le Temps, le modèle soviétique séduit la jeune génération, qui a grandi pendant les quinze ans de pouvoir de Poutine. « Notre jeunesse est profondément conservatrice, au contraire de la jeunesse ukrainienne », note Alexeï Levinson, sociologue au Centre Levada. C’est un phénomène singulier. Et c’est précisément dans la tranche d’âge des moins de 25 ans que Poutine obtient le plus fort soutien [91%] ». Le président russe a su habilement s’insérer dans un récit historique néo-soviétique triomphant. En expurgeant évidemment les échecs, et surtout Lénine, figure indésirable parce que révolutionnaire, conclut le quotidien Suisse.

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