Thierry Bellefroid

« ‘Trahison’ de Lutgen: Cher Charles-François du Perrier du Mouriez… »

Dites donc, ça c’est du nom à particule ! Vous n’auriez pas un château de famille dans le BW ou le namurois, par hasard ? On peut vous appeler Dumouriez ? De toute façon, c’est comme ça qu’on vous nomme dans les livres d’histoire. Notez, pour un ex-révolutionnaire, la particule, ça fait un peu mauvais genre.

Si vous voulez mon avis, ce n’est pas très macronien, ce nom d’eau à bulles à rallonge. En même temps, le macronisme, ça ne doit pas vous dire grand-chose, à vous, le plus Belge des Français – non, ce n’est pas Bernard Arnault qui peut prétendre à ce titre, c’est vous ! Je suis sûr que vous vous tenez plus au courant de ce qui se passe chez nous que dans votre bon vieil Hexagone natal. Entre la Belgique et vous, il y a une sacrée histoire d’amour.

Mon cher Dumouriez, je ne sais pas si vous avez suivi l’actualité de notre beau pays ces derniers temps, mais ça chauffe pas mal. Vous, quand on vous dit  » ça chauffe pas mal « , j’imagine que vous vous voyez déjà reprendre la tête de vos troupes, fièrement dressé sur votre destrier, le fessier bien contracté façon séance de zumba, le sabre au clair et les cordes vocales en papier émeri. Sachez qu’aujourd’hui, mon bon Charles-François, la cavalerie légère s’annonce plus facilement par un tweet que par la charge au pas redoublé ; on n’attaque plus tout à fait de la même manière. Encore que. Quand je regarde votre parcours, je me dis que le Bastognard qui a trahi le Montois, ça doit vous parler. Déjà que de Jemappes à Mons, il n’y a qu’un jeton de présence !

Charles-François du Perrier du Mouriez, dit Dumouriez (1739-1823) Général français, il remporta avec Kellermann la bataille de Valmy (1792) contre les Prussiens puis celle de Jemappes contre les Autrichiens. Il occupa ensuite la Belgique mais fut vaincu à Neerwinden puis à Louvain par le duc de Saxe-Cobourg avec qui il noua des contacts, ce qui lui vaudra d'être accusé de trahison. Il se réfugie alors chez les Autrichiens.
Charles-François du Perrier du Mouriez, dit Dumouriez (1739-1823) Général français, il remporta avec Kellermann la bataille de Valmy (1792) contre les Prussiens puis celle de Jemappes contre les Autrichiens. Il occupa ensuite la Belgique mais fut vaincu à Neerwinden puis à Louvain par le duc de Saxe-Cobourg avec qui il noua des contacts, ce qui lui vaudra d’être accusé de trahison. Il se réfugie alors chez les Autrichiens.© Photo News

Sacrée année, pour vous, 1792. En août, c’est la prise des Tuileries et la fin de la monarchie en France. Le 21 septembre est proclamée la Première République française. Mais ça fait déjà quelques mois que les révolutionnaires vous ont désigné pour vous battre contre les ennemis de l’extérieur. Votre première victoire, vous la signez le 20 septembre, face aux Prussiens, à Valmy, qui deviendra bien plus tard le prénom d’un homme politique socialiste wallon. Le 6 novembre, à Jemappes, la victoire est totale et vous en êtes le héros. La République est fière de vous. Elle ne le sera pas longtemps. Idéalisme ou mégalomanie ? Vous tournez le dos aux révolutionnaires français de la Convention qui veulent que les territoires conquis soient versés dans la République. Vous tentez de créer une république belge indépendante, avec sa propre Constitution. La France vous envoie ses commissaires. Pendant quelques mois, c’est un sacré foutoir, plus personne ne sait à qui est rattaché quoi que ce soit : de Liège à Bouillon en passant par le marquisat de Franchimont, ça va dans tous les sens.

Pas facile d’être un traître quand on a déjà un ennemi à battre sur sa droite. C’est ce qui vous arrive en 1793. Vous bataillez à la fois contre le gouvernement révolutionnaire français et contre les Autrichiens. Ça fait beaucoup de monde pour un seul homme. Votre rêve de Belgique indépendante se brise : vous êtes vaincu à Neerwinden le 18 mars 1793. Et là, paf, vous passez à l’ennemi. Dites donc, vous avez le pragmatisme à fleur de fusil, mon bon Dumou ! Vous n’avez pas cessé de changer de camp au gré de vos besoins et de vos desseins. Comme le Bastognard ? Ah, c’est vous qui le dites. Moi, je n’y pensais même pas…

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