© Reuters

Statu quo dans l’Est au deuxième jour de « l’opération antiterroriste »

Le Vif

Les insurgés armés pro-russes tenaient toujours tête au gouvernement pro-européen lundi dans l’est de l’Ukraine, après l’expiration de l’ultimatum pour une amnistie offerte par Kiev. La situation était calme à Slaviansk, où des groupes armés pro-russes se sont emparés samedi des bâtiments de la police et des services de sécurité, peu après 09H00 (06H00 GMT, limite fixée aux séparatistes pour déposer les armes et bénéficier d’une amnistie).

Dimanche matin, le gouvernement de Kiev, confronté au défi d’attaques visiblement coordonnées lancées dans l’est russophone du pays par des groupes armés, portant des uniformes sans insignes, avait annoncé le début d’une « opération antiterroriste de grande envergure avec les forces armées » pour mettre fin à ces troubles.

Selon le ministre de l’Intérieur, Arsen Avakov, la contre-offensive a fait un mort et cinq blessés côté loyaliste et « un nombre indéterminé » de victimes chez les séparatistes, mais à part une fusillade sur une route proche de Slaviansk, aucun témoignage n’a fait état d’affrontements ou de combats. Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov avait donné dimanche soir jusqu’à 06h00 GMT lundi aux insurgés pour bénéficier d’une amnistie s’ils déposaient les armes et évacuaient les bâtiments occupés.

Et, face aux « formations de bandits », M. Avakov a annoncé lundi matin sur sa page Facebook son intention de former des unités « sur la base des formations civiles », entraînées et dont les effectifs pourraient atteindre 12.000 personnes. Des militants pro-européens et de formations nationalistes – qualifiées de « fascistes » par les Russes – avaient exigé ces derniers jours une réponse « forte » aux événements dans l’Est.

Les insurgés réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une « fédéralisation » de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement de l’Ukraine, mais a promis une « décentralisation ». La Russie a sommé les nouvelles autorités de Kiev, issues d’un soulèvement qui a renversé fin février un régime pro-russe et que Moscou ne reconnaît pas, de cesser « la guerre contre (leur) propre peuple », mettant en garde contre le basculement de l’Ukraine dans « la guerre civile ».

Moscou a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a tourné dimanche soir au dialogue de sourds entre Occidentaux et Russes, les premiers accusant Moscou d’avoir orchestré la tension dans l’est de l’Ukraine alors que l’ambassadeur russe rejetait toute la responsabilité sur Kiev. Ce regain de tension a fait craindre que Moscou, qui a massé jusqu’à 40.000 hommes à la frontière, ne saisisse ce prétexte pour une intervention, le président Vladimir Poutine ayant promis de défendre « à tout prix » les ressortissants russes dans l’ex-URSS.

Les événements dans l’est de l’Ukraine rappellent ceux du mois de mars en Crimée, rattachée à la Russie après l’intervention de groupes armés non identifiés – des militaires russes selon tous les observateurs, ironiquement baptisés « hommes verts » en Ukraine – et un référendum controversé.

Les ministres européens des Affaires étrangères devaient se retrouver lundi à Luxembourg pour une réunion consacrée à la crise ukrainienne et à la menace d’une coupure des livraisons de gaz par la Russie, agitée la semaine dernière par le président Poutine. Quelque 13% du gaz consommé par l’Union européenne transite en effet par l’Ukraine, qui a des milliards de dollars de dette gazière envers Moscou.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire