Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. © belgaimage

Réviser le concept stratégique de l’Otan pour remédier à son état de « mort cérébrale » (experts)

L’Otan a rendu public mardi le rapport d’un groupe d’experts chargés de réfléchir au renforcement du rôle de l’Alliance atlantique, à sa cohésion et à l’amélioration des consultations entre alliés, dans la perspective d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu au début de l’année prochaine à Bruxelles en présence du nouveau président américain Joe Biden.

Ce rapport de 67 pages, commandé par le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg, dans le cadre de son projet « NATO 2030 », a été présenté aux ministres des Affaires étrangères des trente pays alliés, réunis par vidéo-conférence sécurisée.

En 138 recommandations, les dix experts préconisent notamment une coordination plus étroite entre alliés, en accroissant le nombre de réunions des ministres des Affaires étrangères alliés.

Il suggère aussi d’ajouter de nouvelles réunions, rassemblant par exemple les ministres de l’Intérieur des pays membres pour aborder les questions liées au terrorisme – ce qui ne s’est jamais fait. « La consultation politique reste le moyen le plus important par lequel l’OTAN peut résoudre les désaccords, atténuer les écarts dans l’évaluation des menaces et renforcer la cohésion politique », souligne le rapport.

Il insiste aussi sur les évolutions intervenues dans l’environnement de sécurité international « qui est devenu plus difficile et complexe ces dernières années », en raison de la « menace potentielle » que représente la Russie et la montée en puissance de la Chine comme acteur sur la scène mondiale, sans oublier le terrorisme. Ce qui a « rendu plus important que jamais la capacité de l’OTAN à prendre des décisions et à parvenir à un consensus en temps opportun », soulignent les experts – cinq hommes et cinq femmes, sous la houlette de l’ancien ministre allemand Thomas de Maizière et l’Américiain Wess Mitchell.

« Il sera essentiel de continuer à renforcer à la fois la consultation et la prise de décision pour garantir la capacité de l’Otan à entreprendre une action collective dans la décennie à venir », ajoutent-ils.

Leur rapport fait, sans surprise, sienne la proposition de M. Stoltenberg d’une révision du « concept stratégique » – une sorte de mode d’emploi régulièrement réactualisé du traité fondateur de l’Alliance, qui date de 1949 -, un exercice diplomatique toujours très lourd.

L’actuel concept stratégique avait été adopté en 2010 lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de 28 pays alliés – ils sont actuellement trente – pour rappeler les trois tâches fondamentales de l’Alliance: la défense collective (l’engagement de se défendre mutuellement contre une attaque, « y compris contre les menaces nouvelles qui pèsent sur la sécurité de nos citoyens »), la gestion des crises (au nom de laquelle l’Alliance est intervenue au Kosovo, en Afghanistan et en Libye) et la sécurité coopérative grâce à un réseau de partenariats à géométries variables dans le monde. La révision du concept stratégique – une demi-douzaine d’entre elles ont eu lieu depuis 1950 – est toujours en exercice diplomatiquement très lourd, car il exige un consensus entre tous les Etats-membres.

L’exercice devrait être lancé lors du sommet de 2021 à Bruxelles. « Je ferai des recommandations aux dirigeants de l’Otan quand ils se rencontreront l’an prochain », a affirmé M. Stoltenberg au cours d’une conférence de presse virtuelle clôturant la première journée de la réunion des ministres des Affaires étrangères. « L’objectif est de conserver l’Otan en tant qu’alliance militaire forte, de la rendre plus unie politiquement et avec une approche plus globale », a-t-il résumé.

La cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès, a pour sa part insisté dans un tweet sur la nécessité de renforcer la relation entre l’Otan et l’Union européenne. Le processus de réflexion avait été lancé l’an dernier après des déclarations du président français Emmanuel Macron. En novembre dernier, il avait provoqué un véritable électrochoc en déclarant dans une interview au magazine ‘The Economist’, à l’approche d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement alliés, que l’Otan était en état de « mort cérébrale ». Il avait déploré le manque de coordination entre les Etats-Unis et l’Europe et le comportement unilatéral de la Turquie en Syrie, membre de l’Alliance.

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