Le Premier ministre britannique David Cameron. © AFP/Emmanuel Dunand

Quels compromis européens pour éviter un Brexit?

Le chemin est « possible mais difficile » pour garder le Royaume-Uni dans l’UE, a estimé le Premier ministre belge Charles Michel à l’issue d’un sommet européen consacré à l’étude des exigences du Premier ministre britannique David Cameron pour éviter une sortie de son pays de l’UE (Brexit).

A l’issue d’une « discussion substantielle sur le contenu » des exigences de David Cameron, Charles Michel a conclu qu’il allait falloir « être créatif des deux côtés pour dégager un compromis ».

Les demandes britanniques sont réunies dans quatre corbeilles portant sur la zone euro, la compétitivité, la souveraineté, et la limitation des prestations sociales britanniques pour les ressortissants européens, élément de loin le plus délicat.

Lors d’un tour de table, Charles Michel a réaffirmé que la Belgique faisait du renforcement de la zone euro une priorité. « Prendre des mesures qui vont à l’encontre de cela serait problématique », a mis en garde le Premier ministre belge en conférence de presse. Il a également rapporté avoir demandé à David Cameron de préciser ses vues sur la souveraineté, et le rôle qu’il entend donner aux parlements nationaux.

Il s’est par ailleurs étendu sur l’élément lié à la lutte contre le dumping social dans la quatrième corbeille, « un problème difficile » lorsque « des gens utilisent les règles européennes pour créer une concurrence problématique ». Dans le cadre des tractations sur le ‘Brexit’, Charles Michel souhaite corriger les effets pervers de la directive détachement des travailleurs.

A l’issue du sommet, le président du Conseil Donald Tusk s’est dit plus optimiste sur la question du ‘Brexit’. Il a confirmé que les chefs d’État et de gouvernement européens avaient décidé « de travailler en collaboration pour trouver des solutions satisfaisantes d’ici février dans les quatre domaines » de réformes exigées par David Cameron. Il a détaillé que la quatrième exigence britannique était « la plus épineuse pour certains États membres », car elle suggère de priver les citoyens européens de prestations sociales pendant les quatre premières années de leur séjour sur le sol britannique.

Il a toutefois précisé que les partenaires européens ne lâcheraient rien sur la libre circulation et la non-discrimination, promettant d’être très strict « par rapport aux lignes infranchissables, aux valeurs européennes. »

Le Premier ministre britannique a pour sa part reconnu de « bons progrès » dans les pourparlers avec ses partenaires européens sur le maintien de son pays dans l’UE tout en admettant que « ce sera difficile ».

François Hollande résolument favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’UE

Le président français François Hollande a assuré vendredi qu’il n’y avait « aucune raison » de compliquer la tâche des partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, ouvrant la porte à des « adaptations » pour prendre en compte la spécificité britannique.

« Il n’y a aucune raison de rendre difficile la tâche de ceux qui vont appeler à voter oui au référendum », a estimé François Hollande lors d’une conférence de presse à Bruxelles à l’issue de la première journée d’un sommet européen.

Les dirigeants des 28 ont eu lors du dîner jeudi soir une discussion « franche mais ouverte » sur les exigences avancées par David Cameron en amont du référendum qu’il a promis d’organiser au Royaume-Uni avant la fin 2017 sur l’appartenance de son pays à l’UE.

« Je suis tout à fait prêt au nom de la France, et beaucoup ont exprimé le même point de vue, à faciliter par des adaptations ce qu’il pourrait présenter aux Britanniques comme un moyen de tenir compte de la spécificité de leur pays », a expliqué le président français.

« Mais il ne faudrait pas que pour aller dans cette direction (…) nous puissions affaiblir les principes qui ont été ceux de la construction de l’Europe. C’est cet équilibre qu’il faudra trouver et qui justifiera encore quelques semaines de travail », a-t-il poursuivi.

La question de l’approfondissement de la zone euro, à laquelle le Royaume-Uni n’appartient pas, et celles des prestations sociales aux ressortissants européens sur le sol britannique restent les plus problématiques des demandes de David Cameron, selon François Hollande.

Contenu partenaire