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Quels candidats sont les mieux placés pour remporter les primaires américaines ?

Wided Bouchrika
Wided Bouchrika Journaliste free-lance

Ce lundi, les électeurs de l’Iowa sont les premiers aux États-Unis à exprimer leur préférence pour la présidentielle lors de « caucus », des réunions de partis au folklore très particulier. Même si la population majoritairement rurale de l’Iowa n’est pas représentative de la diversité des États-Unis, l’Iowa permet aux candidats qui s’y imposent de s’inscrire dans une dynamique qui peut les mener jusqu’à la Maison-Blanche.

Les partis démocrate et républicain convoquent à 19H00 locales (01H00 GMT) des « caucus » (réunions) dans 1.681 bureaux de vote chacun (écoles, bibliothèques..). Les républicains voteront à bulletin secret; les démocrates formeront des groupes par candidat afin d’allouer des délégués.

Selon le dernier sondage publié samedi par le quotidien « Des Moines Register », Hillary Clinton devrait obtenir 45% des voix, en hausse de 3% par rapport au dernier sondage et devancer le sénateur du Vermont Bernie Sanders, qui obtiendrait 42% (+2%). Loin derrière, Martin O’Malley n’atteindrait que 3%. Chez les républicains, Donald Trump caracole en tête avec 28% (+6%), et plus de sept sondés sur dix favorables au businessman new-yorkais se disent sûrs de leur choix. Suivent le sénateur texan Ted Cruz (23%, -2%) et le sénateur de Floride Marc Rubio (15%, +3%).

Il y a quelques mois, nous avions dressé leurs portraits:

Hillary Clinton

Âgée de 67 ans, Hillary Clinton est de loin la candidate la mieux préparée, la plus financée et la plus expérimentée. En outre, elle est intelligente, tenace et elle désire vraiment devenir présidente. Elle est la grande favorite de son parti, ce qu’elle était également en 2008 lorsqu’elle a perdu son avance colossale dans les sondages face à Barack Obama.

Hillary Clinton.
Hillary Clinton. © Reuters

Ancienne First Lady, sénatrice, candidate à la présidentielle et ministre des Affaires étrangères, Hillary possède à la fois le désavantage et l’avantage de l’expérience. Pourra-t-elle se réinventer ? Pourra-t-elle entamer une campagne crédible pour plus d’égalité alors que sous son époux Bill a soutenu des mesures qui ont mené à une plus grande inégalité ? Pourra-t-elle critiquer la politique étrangère d’Obama alors qu’elle a été ministre pendant quatre ans ? Osera-t-elle mettre le féminisme en avant ? À quel point sa campagne sera-t-elle homogène et professionnelle ? À quel point sera-t-elle humaine ? Comment conciliera-t-elle sa lutte pour les Américains ordinaires avec ses propres relations dans le monde financier et son objectif de rassembler 2,5 milliards de dollars pour sa campagne ? Comment rime-t-elle son féminisme et son indépendance avec les millions donnés à la Clinton Foundation d’Arabie saoudite, et d’autres pays?

Elle génère autant de sympathie que d’antipathie. Beaucoup attendent la première femme présidente avec impatience tout en se méfiant du retour de la dynastie Clinton, avec son rapport complexe à la vérité.

Bernie Sanders

Quels candidats sont les mieux placés pour remporter les primaires américaines ?
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Âgé de 73 ans, Bernie Sanders est un outsider de la politique américaine. Il se qualifie de socialiste, une insulte dans la bouche de la plupart des Américains. Il bénéficie d’une longue expérience en politique en qualité d’indépendant et de démocrate. Il a été maire de Burlington, membre de la Chambre des représentants et sénateur du Vermont.

Sanders focalise sur le contenu, et non sur la forme. Il désire combler l’écart de revenus aux États-Unis, instaurer des mesures écologiques et réformer les élections de façon à réduire l’impact de l’argent. Au Sénat, il s’est montré sceptique à l’égard de la campagne contre Daech.

L’argent sera son plus grand problème. Il dispose de 4,6 millions de dollars face à Hillary Clinton qui veut rassembler 2,5 milliards de dollars.

Même sans parler de l’argent, il pourrait avoir du mal. Il peut être hargneux et, c’est peut-être un avantage, il ne mâche pas ses mots. Il a longtemps gouverné, et ses initiatives ne se sont pas toujours avérées réussies même s’il a été réélu sénateur en 2012 avec 71% des voix. Reste à savoir si son expérience dans le Vermont, un état serein et progressif, l’a bien préparé à une lutte contre les ténors nationaux.

Martin O’Malley

Martin O'Malley
Martin O’Malley © REUTERS

En 2008, Martin O’Malley était un fervent supporter d’Hillary Clinton. À présent, il désire l’affronter parce qu’il se dit contre la politique dynastique et le rôle décisif de Wall Street. En 2008, les Clinton n’étaient-ils pas déjà une dynastie ? Et n’étaient-ils pas financés par Wall Street ? Il va falloir qu’O’Malley s’explique.

Il aura d’autres explications à fournir. Jusqu’à récemment, il était gouverneur du Maryland, l’état où ont éclaté les troubles de Baltimore. Sous son gouvernorat, le nombre d’actes criminels a baissé avant de remonter. À 52 ans, il est pour l’instant le plus jeune candidat démocrate. Si sa campagne ne tourne pas à la catastrophe et si Hillary l’emporte, il recevra probablement une compensation sous la forme d’un poste de ministre ou d’ambassadeur.

Fox News le décrit comme courtois et ennuyeux. En matière de points de vue politiques, il est clairement à gauche de Hillary. Il a plaidé en faveur des droits LGTB avant Hillary, il était immédiatement pour la délivrance de permis de conduire (donc une sorte de légalité) aux illégaux là où Hillary hésitait. O’Malley estime qu’Hillary est trop prisonnière de Wall Street et que cela l’empêche de défendre vigoureusement les employés américains. Globalement, O’Malley soutient la politique étrangère d’Obama.

Donald Trump

Très connu aux États-Unis où il est surnommé « le Donald », le magnat de l’immobilier Donald Trump avait déjà envisagé de se présenter à la présidence, en 1988, 2000, 2004 et 2012, mais y avait renoncé et avait soutenu pour la dernière élection le candidat républicain Mitt Romney.

Partisan de la première heure de Ronald Reagan, Trump se considère républicain.

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Il a promis pêle-mêle de construire un mur le long de la frontière mexicaine et de le faire payer par le Mexique, de « faire revenir les emplois de Chine, du Mexique, du Japon et d’ailleurs », de s’opposer au groupe extrémiste État Islamique, de reconstruire l’armée américaine, de défendre le droit de posséder des armes…

Il a aussi précisé qu’il était à la tête d’une fortune nette de 8 milliards de dollars, deux fois plus que les estimations du magazine Forbes, spécialiste des grandes fortunes.

Trump, souvent brocardé pour sa coiffure blonde improbable, a bâti sa fortune dans l’immobilier, notamment les casinos et les tours. C’est aussi le propriétaire de l’organisation Miss Univers, et le producteur d’une émission télévisée « The Apprentice ». Il a été marié trois fois et est père de cinq enfants. Il décline son nom sur tous ses produits.

Ted Cruz

Le sénateur américain Ted Cruz
Le sénateur américain Ted Cruz© Reuters

Ted Cruz, un sénateur républicain du Texas âgé de 44 ans, est d’origine cubaine. Ses parents travaillaient dans l’industrie du pétrole. Candidat anti-establishment, il se montre ouvertement chrétien et conservateur.

Jusqu’à présent, sa proposition la plus frappante est l’abolition de l’administration fiscale et l’instauration d’une flat tax (impôt à taux unique). Par ailleurs, il est opposé à l’Obamacare, ainsi qu’à l’isolationnisme et l’interventionnisme. Il est contre le mariage homosexuel, même s’il défend le droit des états de décider de cette question. S’il entame la course en outsider, il a acquis une certaine célébrité en se présentant en premier.

Marco Rubio

Marco Rubio
Marco Rubio © REUTERS

D’origine cubaine, le sénateur républicain Marco Rubio est âgé de 43 ans, télégénique et éloquent. Il ne laisse pas passer une occasion pour insister sur sa religion. Il a commencé en politique comme protégé du républicain modéré Jeb Bush, avant de prendre un tour plus conservateur. Son principal point fort est sa capacité de remporter des élections avec peu de budget et contre les attentes.

Avec Belga

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