Marine Le Pen © Belga

Présidentielle française: Marine Le Pen peut-elle vraiment gagner ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le premier tour de l’élection présidentielle française a livré son verdict : ce sera, une nouvelle fois, Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, comme en 2017. La candidate d’extrême droite semble plus proche que jamais de l’Elysée. Peut-elle vraiment le faire ? Analyse des enjeux avec Pierre Vercauteren, politologue et professeur à l’institut de sciences politiques Louvain-Europe de l’UCLouvain.

On est face au même duel, mais pas vraiment la même situation qu’en 2017. Marine Le Pen semble plus proche que jamais de l’Elysée. Peut-elle vraiment le faire ?

Ce n’est pas impossible, mais ça sera difficile. On a encore un réflexe républicain chez pas mal d’électeurs français.

Si on analyse plus finement, on voit que la capacité de report pour Macron est plus importante que pour Le Pen. On a des réactions assez attendues de la part de candidats battus, avec un front qui se dessine contre Marine Le Pen. Mais d’un autre côté, chez LR par exemple, certains se manifestent encore pour elle. Ça fait beaucoup de débats. Le soutien explicite d’Eric Zemmour n’est pas non plus acquis, car il n’est pas certain que tous ses électeurs vont le suivre. Les déçus pourraient malgré tout aller à Macron, notamment en raison de son programme économique, ou aller vers l’abstention.

On ne doit pas sous-estimer que Macron ne s’est pas investi dans la campagne jusqu’à présent. Mais maintenant, il va s’investir à 200% et il a déjà montré par le passé qu’il peut être un redoutable meneur de campagnes.

Si on cumule le score de Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignant, on constate que les voix pour l’extrême droite progressent toujours au fil des élections présidentielles. A qui la faute ?

Quand on analyse plus finement, il y a une radicalisation des citoyens à l’égard de la vie politique, du dégagisme par rapport aux élites dites traditionnelles. Mais c’est aussi une faiblesse de la part des partis extrêmes : ils mobilisent sur des sentiments de rejets et de déception, et moins sur une adhésion en tant que telle.

Zemmour a fait campagne sur des thèmes de menace, avec un succès en deçà de ce qui était espéré. Marine Le Pen a bénéficié du « phénomène Zemmour », qui donnait l’impression qu’elle était plus au centre. Mais cette situation va la rendre plus exposée au second tour, car elle va se retrouver à nouveau à l’extrême droite.

Il y a beaucoup de votes de réactions et de protestations, la proportion de mécontents augmente. Cela se constate dans le monde entier, pas uniquement en France.

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