Matteo Renzi © Belga

Présidentielle en Italie : 1er tour blanc, Renzi choisit Mattarella

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a appelé jeudi son Parti démocrate (PD) à porter à la présidence Sergio Mattarella, un homme de principes quasi-inconnu du grand public, juste avant un premier tour, à blanc.

« Sergio Mattarella est l’homme de la légalité », a déclaré M. Renzi devant les élus du PD, en faisant l’éloge de « l’éthique et de la moralité » de cet ancien démocrate-chrétien passé dans les rangs de la gauche parce qu’il trouvait sa famille politique trop proche de Silvio Berlusconi. Ce choix met à l’épreuve la relation établie par le jeune chef du gouvernement avec l’ex-Cavaliere, qui l’a aidé ces derniers mois à faire passer certaines réformes combattues par l’aile gauche du PD, dont celle de la loi électorale.

L’ex-président du Conseil a cette fois appelé les élus de son parti Forza Italia à voter blanc à tous les tours de scrutin. Agé de 73 ans, actuellement juge à la Cour constitutionnelle, M. Mattarella a été cinq fois ministre. En 1999, il avait cependant démissionné du gouvernement pour protester contre une loi trop favorable au magnat des médias. Tout l’après-midi, les grands électeurs – sénateurs, députés et 58 représentants régionaux – ont défilé dans les isoloirs installés à la chambre des députés pour le premier tour du scrutin.

Parmi les tout premiers à voter, le président sortant Giorgio Napolitano, désormais sénateur à vie et donc lui-même électeur, a été longuement applaudi. Pour ce tour, comme pour les deux suivants prévus vendredi matin puis vendredi après-midi, une majorité des deux-tiers des 1.009 électeurs, soit 672 voix, est nécessaire et la plupart des grands partis avaient appelé à voter blanc.

Quelque 538 grands électeurs ont respecté cette consigne en votant blanc jeudi. Les choses sérieuses devraient avoir lieu samedi, au 4ème tour, à partir duquel la majorité simple suffit, soit 505 voix. Le PD dispose officiellement d’un minimum de 415 électeurs, auxquels s’ajoutent plusieurs dizaines d’élus d’autres groupes. M. Renzi a ainsi parié jeudi que M. Mattarella pourrait être élu samedi, à condition de convaincre des élus d’autres formations. « C’est le candidat sur lequel nous jouons notre crédibilité », a insisté M. Renzi en appelant à voter pour M. Mattarella à partir du 4ème tour.

« Il n’y aura pas d’autre candidat du PD », a-t-il prévenu. Son choix a été approuvé à l’unanimité à main levée par les élus, mais cela avait déjà été le cas lors de la dernière présidentielle en 2013: la candidature de Romano Prodi avait été acceptée par acclamation avant d’échouer dans le secret des urnes avec la défection d’une centaine d’élus du PD. La procédure ne prévoit en effet pas de candidatures: chacun est libre d’inscrire le nom de son choix, à condition que la personne ait plus de 50 ans et jouisse de ses droits civiques.

Mais jeudi, le scrutin, considéré comme un tour de chauffe, n’a pourtant révélé aucune surprise, à l’exception de la quasi absence de M. Prodi, un temps évoqué par le Mouvement cinq étoiles (M5S) contestataire pour rassembler un nombre non négligeable de voix de gauche et de droite mues par un « anti-renzisme » commun. Les élus du M5S se sont en effet prononcés pour Ferdinandi Imposimato, un magistrat de 78 ans qui a instruit plusieurs grandes affaires de terrorisme ainsi que l’attentat contre le pape Jean Paul II en 1981. Il a obtenu quelque 120 voix.

Très loin derrière, le journaliste de droite Vittorio Feltri a recueilli 49 voix et la journaliste et écrivain communiste Luciana Castellina 37. « Nous réussirons à élire un président au 4e tour », a assuré Pierluigi Bersani, ancien secrétaire du PD et chef de file de la gauche lors des législatives de 2013.

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