Gert Jan Geling

Pourquoi le Canada semble être le paradis des migrants (et pas l’Europe)

Gert Jan Geling Membre du think tank Liberales et publiciste.

Depuis quelques mois, on a eu l’impression que le Canada adopte une attitude ouverte à l’égard des réfugiés, alors qu’en Europe c’est le scepticisme qui règne. Gert Jan Geling du think tank Liberales explique pourquoi le Canada véhicule l’image d’une terre d’accueil.

Les images du premier ministre canadien Justin Trudeau accueillant les réfugiés syriens ont fait le tour du monde. Le Canada a l’air d’un paradis pour réfugiés, suscitant l’admiration de beaucoup de gens. Le pays serait un exemple en matière d’accueil de réfugiés, contrairement à l’Europe. On suppose que là où le Canada est ouvert et accueillant à l’égard des réfugiés, l’Europe est fermée et inhospitalière.

À bien des égards, cette image contrastée n’est pas tout à fait justifiée. Il y a des différences importantes entre le Canada et l’Europe qui expliquent l’attitude ouverte de Trudeau et du Canada par rapport aux réfugiés. Mais aussi pourquoi le scepticisme à l’égard de l’accueil à grande échelle de réfugiés est beaucoup plus important en Europe. Cela s’explique par trois facteurs : la situation géographique, le nombre de réfugiés accueillis et le contrôle des frontières.

Situation géographique

Les foyers explosifs de ce monde sont principalement situés dans le MENA (Middle East and North Africa), l’Asie du Sud et l’Afrique subsahariennes. La très grande majorité des réfugiés viennent de ces régions. Pour eux, la région sûre et prospère la plus proche, c’est l’Europe. C’est pourquoi une grande partie de ceux qui peuvent se le permettre rejoint l’Europe. L’Europe confine à plusieurs régions touchées par des conflits et comme elle ne peut modifier sa situation géographique, elle se retrouve donc confrontée en permanence à de grands afflux de réfugiés. En revanche, le Canada se trouve entre les États-Unis et le Pôle Nord. Il ne jouxte pas de régions touchées par des conflits. Il n’y en a même aucune qui est proche. Par sa situation, le Canada n’est pas un havre « naturel » pour les réfugiés et n’est donc pas directement concerné par le flux de réfugiés.

Le nombre de réfugiés

Grâce à son isolement géographique, le Canada dispose du luxe de déterminer lui-même le nombre de réfugiés qu’il admet. Contrairement à l’Europe, il n’est pas confronté à un flux migratoire. Il n’y a pas des millions de réfugiés qui dès qu’ils le peuvent viennent au Canada. Pour l’instant, le Canada a fixé la limite à 25 000 pour février 2016. Une limite qu’on ne va probablement même ne pas atteindre parce que les Canadiens n’ont pas la capacité de faire entrer autant de personnes avant le mois de février.

Ce chiffre contraste fortement avec le nombre de réfugiés accueillis dans la plupart des pays européens – en proportion beaucoup plus qu’au Canada – et qui ne manquera pas de grimper en flèche dans les prochaines années. Comme ils continueront à venir de tous les côtés, l’Europe ne peut limiter le nombre de réfugiés qu’elle laisse entrer.

Contrôler ses propres frontières

Et ceci nous amène au troisième et dernier facteur qui explique la différence d’attitude à l’égard des réfugiés entre l’Europe et le Canada: le contrôle des frontières. Alors que le Canada peut limiter le nombre de réfugiés qu’il souhaite accueillir, les quotas pour les réfugiés sont provisoirement exclus des politiques européennes, car cela signifierait qu’on ferme les frontières une fois la limite atteinte. Ce que refusent la plupart des états membres européens.

Contrairement à l’Europe, le Canada prouve qu’un pays qui contrôle ses frontières peut accueillir positivement les réfugiés.

Or l’opposition et la peur à leur égard s’expliquent aussi par le fait que, bien que les réfugiés continuent à venir, il y a peu de contrôle européen sur quand, où et combien de réfugiés entrent en Europe. Le Canada démontre qu’un pays qui contrôle ses frontières accueille positivement les réfugiés. L’Europe prouve elle qu’un flux de réfugiés non contrôlé et sans fin donne le résultat contraire. L’Europe ne peut changer sa situation géographique, mais elle pourrait implémenter des mesures qui pourraient faire évoluer les mentalités vers une meilleure acceptation des réfugiés. Tant que la situation actuelle perdure, ce ne sera pas le cas. Pire, elle pourrait même encore envenimer les choses. Mais pour y parvenir, il faudra changer la façon dont l’Europe gère le flux de réfugiés. Reste à savoir si le Vieux Continent est prêt à franchir le pas…

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