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Plus de 1000 pompiers toujours mobilisés dans le centre du Portugal

Le Vif

Plus de 1.000 pompiers étaient toujours mobilisés lundi dans le centre du Portugal pour maîtriser un gigantesque incendie de forêt qui a coûté la vie à au moins 62 personnes, dont un Français, provoquant une vive émotion dans le pays.

Malgré une légère baisse des températures caniculaires, le feu, qui s’était déclaré samedi après-midi à Pedrogao Grande dans le centre du Portugal, continuait de faire rage.

Après un bref orage tôt le matin, la fumée a rapidement envahi de nouveau le ciel au-dessus de cette bourgade.

Cette fumée, alliée à un temps toujours très chaud et venteux, a cloué au sol pendant plusieurs heures les avions anti-incendie envoyés par l’Espagne, la France et l’Italie, a expliqué le commandant des opérations de la protection civile Eliseu Oliveira. Il a évoqué un scénario « difficile, complexe » en raison de « nombreuses lignes de feu » plus ou moins virulentes.

Certes, « les incendies évoluent favorablement dans les régions de Leiria, Castelo Branco et Coimbra », dans le centre, mais « à tout moment, la situation peut se compliquer à cause des conditions météo, toujours défavorables », a-t-il ajouté.

Dans certains villages, la population a été « confinée » et dans d’autres, les personnes âgées ont été déplacées pour les mettre en sécurité, a expliqué le commandant.

« Un de nos compatriotes est décédé dans ces incendies » survenus dans la région de Leiria, a annoncé lundi le Quai d’Orsay, s’engageant à « apporter tout le soutien nécessaire à ses proches ».

Plus d’un millier de pompiers étaient mobilisés dans le centre du pays, et plus de 2.000 dans l’ensemble du Portugal, où ils luttaient contre une centaine de foyers d’incendie au total, avec environ 700 véhicules.

Onze avions de lutte anti-incendie ont été déployés dans le centre du pays, envoyés par l’Espagne, la France et l’Italie. Cent militaires et 25 pompiers ont été mis à disposition par l’Espagne.

Le dernier bilan officiel, qui pourrait encore s’aggraver, fait état de 62 morts, dont 24 ont été identifiés. Autant de personnes sont blessées, dont cinq dans un état grave, un enfant et quatre pompiers.

Ordres d’évacuation

« Le Portugal pleure pour Pedrogao Grande », « En mémoire des victimes », « Notre douleur à tous » titrait la presse, arborant des bandeaux noirs. « Comment cela a-t-il pu arriver? » s’interroge le Jornal de Noticias. « Pourquoi? » interpelle Publico.

Partout, des photos de voitures calcinées, dans lesquelles ont péri une grande partie des victimes piégées par les flammes, dans des paysages lunaires. Les télévisions passent en boucle des images aériennes de la nationale 236 reliant Figueiro dos Vinhos à Castanheira de Pera, la « route de l’enfer », recouverte de cendres et baignée d’une lumière jaunâtre.

« Notre douleur est immense, tout comme notre solidarité avec les familles des victimes de la tragédie », a déclaré dimanche soir le président Marcelo Rebelo de Sousa, encore sous le choc après le sinistre le plus meurtrier de l’histoire récente du Portugal.

« Nous ressentons un sentiment d’injustice, car la tragédie a touché ces Portugais dont on parle peu, d’une zone rurale isolée », a-t-il ajouté.

La presse locale fait état de plusieurs décès de petits-enfants et de grands-parents, ou de hameaux de quelques dizaines d’habitants ayant perdu un cinquième, voire un tiers de leur population.

Polémique

Alors que le feu menace toujours, les autorités insistent sur la nécessité pour les habitants de respecter les ordres d’évacuation. Certaines victimes déjà identifiées « sont mortes dans leur maison, qu’elles n’avaient pas abandonnée à temps », a souligné le Premier ministre Antonio Costa.

« Si je quitte ma maison, tout va brûler, car nous n’avons personne pour nous aider », a raconté Fernando Pais, agriculteur de 50 ans vivant avec sa femme et son fils à Trespostos, un hameau proche du village de Campelo, qui se bat contre les flammes avec un simple tuyau d’arrosage.

La police judiciaire a écarté la thèse criminelle au profit de celle d’un orage sec, avec un arbre frappé par la foudre comme point de départ.

Mais la polémique sur les causes profondes de la catastrophe pointe déjà.

L’association environnementaliste Quercus a ainsi dénoncé le « laxisme total » des autorités en matière de politique forestière et de débroussaillage, ainsi que l’accélération des plantations d’eucalyptus, arbres hautement inflammables.

Un débat loin d’être nouveau au Portugal. « Tout a déjà été étudié, expliqué et écrit » depuis des décennies sans qu’aucune mesure sérieuse ne soit prise, dénonce Publico.

Le Portugal a connu ce week-end une forte canicule, avec des températures dépassant les 40 degrés dans plusieurs régions.

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