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« Pas de recu? Confisqué »: la police sud-africaine fait la chasse aux pillards

Le Vif

C’est un des bidonvilles les plus miséreux d’Afrique du Sud, dans une pente, juste en-dessous d’un luxueux centre commercial. La police, qui a promis de récupérer les marchandises pillées lors des récentes émeutes, a tout naturellement fondu sur ce quartier déshérité de Johannesburg.

« Pas de reçu? Confisqué », vocifèrent les policiers dans les ruelles du township. Tout ce qui a l’air neuf et n’est pas accompagné d’une facture est embarqué.

Les violences ont éclaté la semaine dernière au lendemain de l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma condamné pour outrage à la justice, dans son bastion du Kwazulu-Natal (KZN, Est).

Puis les entrepôts, usines et centres commerciaux ont été méthodiquement pris d’assaut par des pillards et les violences se sont étendues à la plus grande ville du pays Johannesburg, sur fond de chômage endémique et de pauvreté aggravée par les restrictions anti-Covid.

L’armée a été déployée et la police, rapidement débordée pendant les émeutes, s’efforce maintenant de faire bonne figure en pourchassant les voleurs.

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« Préparez les reçus parce que si nous arrivons et qu’il n’y a pas de reçu, et que ce sont des objets volés, nous allons piller votre maison », avait menacé cette semaine à la télévision le ministre de la police, Bheki Cele.

La nuit dernière encore, une vaste « opération de récupération » comme elles sont appelées par les autorités, a été menée dans les « hostels » d’Alexandra, ces anciens foyers pour travailleurs noirs à l’époque de l’apartheid, cantonnés à la périphérie des villes et aujourd’hui réputés mal famés.

– Aspirateur sur le toit –

De l’autre côté de la colline, le vaste Pan Africa mall aux sols brillants et plafonds sur-éclairés, n’a pas été épargné par les pillages. Ironiquement, l’immense bâtisse avait été inaugurée il y a une dizaine d’années par l’ancien président Jacob Zuma, dont les soutiens sont aujourd’hui accusés d’avoir fomenté le chaos des derniers jours pour déstabiliser le pays.

Dans ce pays qui en compte tant, les centres commerciaux sont l’endroit où les classes moyennes et aisées font le gros de leurs courses. Probablement pas les habitants d’Alexandra, mais la police a en revanche pris comme une évidence, dans ce pays aux inégalités parmi les plus fortes au monde, qu’ils étaient parmi les pillards.

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Dans la rue, la police ouvre un réfrigérateur. Courges, lait, oignons, épinards, ils vident le contenu et charge l’appareil dans un camionnette, entre deux fauteuils eux aussi suspectés d’avoir été volés.

Puis ils continuent à inspecter les cabanes en tôle serrées les unes contre les autres. L’un d’entre eux grimpe sur un parpaing pour jeter un oeil dans une courette. Il rameute ses collègues.

Un instant plus tard, ils ressortent avec des sacs de vêtements et d’objets volés.

Des habitants observent le manège, perchés sur les toits. Certains objets, les plus volumineux, ont aussi été stockés là-haut, pas de place dans les maisons de fortune. Une imprimante, un aspirateur et des enceintes sont ramenés sur le sol.

Autour de cette agitation, la vie continue son train. Flotte une odeur de viande grillée. Une femme à sa porte se réchauffe au-dessus d’une tasse de thé fumant, en cette froide journée d’hiver austral.

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