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Paraguay : Horacio Cartès, le sulfureux entrepreneur devenu président

Horacio Cartès, élu président du Paraguay quatre ans après son entrée en politique, est un des hommes les plus riches du pays, accusé par ses ennemis de liens avec le trafic de drogue.

Le Parti Colorado, formation politique hégémonique durant six décennies (1947-2008), avait misé sur son image de Roi Midas pour reprendre les rênes du pays, malgré son manque de civisme: le nouveau président a voté pour la première fois de sa vie à l’âge de 53 ans, lors du scrutin municipal de 2010, un an après avoir intégré le parti. La plus vieille formation politique du Paraguay, fondée en 1887 et appui du dictateur Alfredo Stroessner (1954-1989), a dû réformer ses statuts pour lui permettre de briguer la présidence malgré sa faible ancienneté. Cartès s’est appuyé pour s’intégrer sur des dinosaures du Colorado, soupçonnés de corruption et clientélisme.

Horacio Cartès, une sorte de Berlusconi paraguayen, a fait fortune dans le tabac et possède une vingtaine d’entreprises dont une banque, des bureaux de change, des marques de sodas, un élevage bovin, etc… Cet homme d’affaires qui a fait des études aux Etats-Unis se vante de donner du travail à 20.000 personnes dans les diverses sociétés du Groupe Cartès. Passionné de football, il s’est fait connaître du grand public comme président du club Libertad de Asuncion, avec qui il a remporté plusieurs titres de champion du Paraguay et atteint une demi-finale de Copa Libertadores.

Certains de ses adversaires le surnomment « Scarface » pour la cicatrice qu’il porte au visage et les liens avec le trafic de drogue qu’ils lui prêtent.

Tout au long de la campagne, l’autre candidat de droite Efrain Alegre, du Parti libéral, a tiré à boulets rouges sur Cartès, l’accusant de contrebande de tabac, d’être lié au trafic de drogue et rappelant qu’il a été détenu trois mois en 1985 dans une affaire de trafic de devises. « Un Paraguay décent contre le Paraguay des mafias », promettait le candidat libéral. Horacio Cartès a toujours nié tout écart vis à vis de la loi.

Depuis des mois, il était annoncé comme favori dans les sondages avant que des enquêtes ne le donne au coude-à-coude avec son adversaire libéral, qu’il a finalement battu à plate couture.

D’après le quotidien La Nacion, le parrain paraguayo-brésilien Fadh Yamil lui a vendu plus de 12.000 hectares de terres dans le nord du pays et il est un client de la banque de Cartès.

Horacio Cartès, séparé et père de trois enfants, est aujourd’hui le célibataire le plus convoité du pays. Adepte du franc-parler, Cartès, interrogé sur le mariage gay, a déclaré à une radio que si son fils voulait se marier avec un homme, il se tirerait « une balle dans les testicules ».

Né à Asunción le 5 juillet 1956, Cartès est le troisième des quatre enfants de Elba et Ramon Cartès, représentant au Paraguay de l’entreprise Cessna, des petits avions très prisés des grands propriétaires terriens et des narcotrafiquants. Après des études au lycée Goethe d’Asuncion, il se forme sur les conseils de son père à la mécanique aéronautique aux Etats-Unis , avant de se lancer dans les affaires en 1975.

Sauveur du Parti Colorado, qui avait enregistré son premier revers en 61 ans, il s’est engagé à « rectifier le cap ». Horacio Cartès se présente comme le mieux placé pour attirer des investissements étrangers au Paraguay, dont l’économie repose sur l’élevage et la production de soja (4e exportateur mondial). Fervent catholique, il invoque souvent Dieu ou la Vierge lors de ses apparitions publiques. « Si Dieu m’a donné des qualités d’entrepreneur, je crois pouvoir les mettre au service de la politique », a-t-il dit à l’AFP.

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