Bart De Wever a annoncé, lundi, que la Belgique reconnaîtra bel et bien l’Etat de Palestine, tout en rappelant que cette reconnaissance ne devait être une «récompense pour le Hamas», contrairement aux accusations de Benjamin Netanyahou. Cette reconnaissance est d’ailleurs assortie de conditions.
Le Premier ministre Bart De Wever a indiqué, à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, que la Belgique rejoint la liste des pays qui vont reconnaître un État de Palestine. Mais « cela ne doit pas être une récompense pour le Hamas », a-t-il souligné lors d’une conférence consacrée à la solution à deux États dans le conflit au Moyen-Orient.
Cette solution apparaît toutefois plus lointaine que jamais. Bart De Wever a ainsi évoqué la recrudescence des colonies israéliennes en Cisjordanie, « l’opération militaire en vue d’une occupation complète de Gaza » et « l’indescriptible crise humanitaire ». « Tout cela suscite aujourd’hui la crainte qu’une (…) coexistence pacifique et durable entre deux États ne soit peut-être plus possible », a commenté le Premier ministre. Les récentes déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et d’autres ministres israéliens constituent également, à ses yeux, « une raison supplémentaire de confirmer le droit et la nécessité pour les Palestiniens d’avoir leur propre État ».
Une reconnaissance conditionnée
Bart De Wever a ajouté que cette reconnaissance ne devait cependant pas représenter « une récompense pour le Hamas ». Il a également rappelé que cela sera assorti de conditions, comme indiqué dans un récent accord de gouvernement durement négocié. Parmi celles-ci, la libération de tous les otages encore retenus par le mouvement islamiste palestinien et la mise à l’écart « des organisations terroristes comme le Hamas » du pouvoir à Gaza.
Des relations diplomatiques, comme l’ouverture d’une ambassade ou la conclusion d’accords internationaux, seront ainsi mises en œuvre lorsque le Hamas aura déposé les armes et qu’il y aura de nouvelles élections en Palestine, a ajouté le Premier ministre. Il a aussi appelé tous les pays arabes à reconnaître l’État d’Israël.
D’autres pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, le Canada ou encore le Luxembourg, ont annoncé, dimanche et lundi, leur intention de reconnaître un État palestinien, portant le total d’État membres de l’ONU approuvant cette reconnaissance à 150 sur 193. La plupart des pays ayant récemment annoncé leur décision de reconnaître l’État de Palestine ont toutefois posé des conditions, comme la Belgique.
Un levier avant d’autres avancées
Selon le ministre fédéral des Affaires étrangères Maxime Prévot, l’intervention belge équivaut à une reconnaissance « de fait » et « politique ». « C’est la raison pour laquelle le président (français) Emmanuel Macron a cité la Belgique parmi les pays qui franchissent aujourd’hui ce pas sur la scène diplomatique », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre.
Pour Bart De Wever, les divergences entre les différents pays sont d’ordre « philologiques ». Certains pays estiment qu’une reconnaissance peut être un levier pour obtenir d’autres avancées, tandis que d’autres, comme l’Allemagne, considèrent que toutes les conditions doivent d’abord être remplies. « La Belgique se situe entre les deux. Ce n’est pas une position illogique pour notre pays », a expliqué l’Anversois.
« Nous voyons que, sur le terrain, la solution à deux États est réduite en morceaux. Aujourd’hui, un grand groupe de pays affirme: nous croyons encore au droit international et au multilatéralisme, et non à la logique de la violence », a-t-il plaidé. « Mais je crains que nous entendions encore d’autres choses cette semaine. »
Mécontentement israélien et américain
Israël et son principal allié, les États-Unis, ont déjà partagé leur mécontentement face à la démarche de la France et d’autres pays. Le président américain Donald Trump s’adressera, mardi, aux États membres des Nations Unies. Ce sera au tour du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, vendredi.
Reste à voir comment ces deux pays vont réagir. Si le gouvernement israélien poursuit la voie menée jusqu’ici, avec la bénédiction de Washington, « alors nous n’aurons pas accompli grand-chose », redoute Bart De Wever. Une nouvelle escalade risque d’attiser davantage les tensions autour de ce conflit. « Je ne pense pas que ces tensions politiques soient derrière nous à court terme », a-t-il conclu.