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Malawi: la féministe Joyce Banda, première femme à présider le Malawi

Joyce Banda, qui a succédé samedi à Bingu wa Mutharika à la présidence du Malawi, est une femme à poigne de 61 ans, féministe convaincue.

Vice-présidente du pays, elle était pourtant passée dans l’opposition après avoir été exclue du Parti démocratique progressiste (DPP), le parti au pouvoir.

Deuxième femme à présider un pays africain après la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, elle sera chef de l’Etat jusqu’aux prochaines élections, prévues en 2014.

Ancienne secrétaire, Joyce Banda est née le 12 avril 1950 à Zomba (sud). Son père était musicien dans la fanfare de la police. Après un premier mariage malheureux avec un homme qui la battait, Mme Banda s’est fait connaître à la fin de la dictature d’Hastings Kamuzu Banda –un homonyme–, au début des années 1990, en lançant un programme pour l’émancipation des femmes, voyageant à travers le pays pour promouvoir l’Association nationale des femmes d’affaires du Malawi, qu’elle a cofondée.

Championne de l’égalité entre les sexes, elle a créé la Fondation Joyce Banda, qui vise l’émancipation des femmes par l’éducation des filles. Elle s’est lancée en politique en 1999, remportant un siège de député pour le Front démocratique uni (UDF) du président Bakili Muluzi.

Elle est ensuite devenue ministre de l’Egalité des sexes. Elle a été réélue en 2004, et le président Bingu wa Mutharika en a fait sa ministre des Affaires étrangères. C’est pendant son passage à ce poste que le Malawi a rompu ses liens avec Taïwan pour se rapprocher de la Chine continentale, une alliance jugée plus profitable pour l’économie malawite.

Le président Mutharika l’a choisie pour se présenter avec lui, comme vice-présidente, aux élections de 2009, que le tandem a remportées avec 66% des voix. Mais les deux partenaires se sont brouillés à la fin de l’année suivante. Joyce Banda a été exclue du Parti démocratique progressiste car elle contestait l’intention du président de désigner son propre frère, Peter, comme successeur. Accusant Bingu wa Mutharika de vouloir créer une dynastie, elle en est devenue une opposante farouche.

Mme Banda, qui reste un modèle pour de nombreuses femmes au Malawi pour son combat féministe dans une société dominée par les hommes, a alors fondé le Parti populaire, avec la ferme intention de se présenter aux élections de 2014.

Bingu wa Mutharika a en conséquence tenté –en vain– d’obtenir de la Cour suprême sa destitution de son poste de vice-présidente, puisqu’elle faisait maintenant partie de l’opposition. Quand bien même elle ne dispose d’aucune base au Parlement, Joyce Banda est relativement populaire, notamment dans les milieux urbains qui s’inquiétaient des dérives autoritaires du président Mutharika. Des critiques doutent cependant de sa capacité à gérer le pays, qui traverse actuellement une grave crise économique.

Elle est mariée à Richard Banda, un magistrat à la retraite qui fut le premier président noir de la Cour suprême du pays après avoir connu la gloire comme capitaine de l’équipe nationale de football. Il était alors surnommé « Shoeshine » (cirage). Sa soeur, Anjimile Oponya, était chargée de conduire le projet d’école pour filles que menait au Malawi la chanteuse américaine Madonna, avant que cette dernière ne change de stratégie et licencie l’équipe qui en avait la charge.

LeVif.be, avec Belga.

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