© Belgaimage

L’Irak lance la dernière grande bataille contre l’EI

Le Vif

Les forces armées ont repris jeudi des bases militaires et des villages au groupe Etat islamique (EI) dans son dernier bastion en Irak, près de la Syrie, lors d’une offensive visant à éradiquer l’organisation jihadiste de leur pays.

Cette offensive est menée alors que de l’autre côté de la frontière, les troupes du régime syrien et leurs supplétifs font mouvement pour prendre en étau les combattants du groupe ultraradical.

La bataille vise à étrangler l’organisation jihadiste dans son dernier carré, dans la moyenne vallée de l’Euphrate qui court de la province de Deir Ezzor dans l’est de la Syrie jusqu’à Al-Qaïm dans l’ouest de l’Irak.

Elle est « le dernier grand combat contre l’EI », disaient récemment des généraux américains de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis.

C’est sur la localité d’Al-Qaïm dans l’immense province désertique d’al-Anbar, où la frontière est poreuse, que les forces irakiennes ont lancé l’assaut.

Le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des armées, a annoncé dans un communiqué « le lancement de la bataille pour libérer Al-Qaïm, Rawa et les environs » où se trouvent environ 1.500 jihadistes, selon Bagdad et la coalition.

« Les combattants de l’EI n’ont d’autre choix que de mourir ou de se rendre », a-t-il prévenu.

M. Abadi est actuellement en visite en Iran, grand allié et poids lourd régional qui a réaffirmé son soutien à l’Irak, tant face à l’EI qu’aux Kurdes.

Reprise de bases militaires

En 2014, les jihadistes s’emparaient lors d’une percée fulgurante de près d’un tiers de l’Irak. Mais les troupes irakiennes ont réussi ces deux dernières années à les chasser de 95% des régions conquises.

Le général irakien Qassem al-Mohammedi, qui dirige les opérations, a affirmé à l’AFP que les forces gouvernementales et paramilitaires du Hachd al-Chaabi, une coalition dominée par les milices chiites soutenues par l’Iran, avançaient « sur quatre fronts: à l’est, au sud et au sud-est d’al-Qaïm, et depuis la province de Ninive, plus au nord ».

Dans l’après-midi, elles avaient repris plusieurs bases, dont la principale de l’armée dans la région et une autre de l’aviation, selon des sources militaires. Elles avaient été désertées par les jihadistes, a précisé à l’AFP un officier.

Pour cette bataille dans la province sunnite d’Al-Anbar, plusieurs unités tribales sunnites du Hachd ont été mobilisées.

La coalition, qui a salué le début de l’offensive, a indiqué avoir mené une quinzaine de raids contre des cibles jihadistes dans la région d’Al-Qaïm et celle de Boukamal dans la province syrienne de Deir Ezzor.

Selon le Norwegian Refugee Council (NRC), plus de 10.000 civils fuyant la région d’Al-Qaïm sont arrivés dans des camps de déplacés depuis début octobre.

L’Organisation internationale des Migrations (OIM) a indiqué qu’environ 65.000 personnes avaient fui Al-Anbar depuis le début de l’année.

Combats contre les Kurdes

L’Irak s’est lancé dans cette nouvelle opération alors qu’une partie de ses troupes est mobilisée pour reprendre le contrôle de zones disputées avec la région autonome du Kurdistan (nord).

Des combats à l’artillerie lourde opposaient jeudi combattants kurdes (peshmergas) et forces gouvernementales en direction du poste-frontière de Fichkhabour vers la Turquie, selon un correspondant de l’AFP.

Les peshmergas tiraient des obus et utilisaient des missiles anti-chars téléguidés, opposant une forte résistance à l’avancée des troupes venues de Zoummar, zone pétrolière au nord-ouest de Mossoul.

Selon des sources kurdes, les peshmergas ont détruit « trois chars, cinq blindés de fabrication américaine et un véhicule blindé » des troupes irakiennes.

Bagdad veut sécuriser le tracé de l’oléoduc menant au port turc de Ceyhan en prenant notamment Fishkhabour qui se trouve à la jonction entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.

Le pouvoir central à Bagdad et la région du Kurdistan sont en crise ouverte depuis la tenue le 25 septembre d’un référendum d’indépendance kurde. Erbil a fait mercredi un pas en arrière, se disant prêt à « geler les résultats » de la consultation où le « oui » l’a largement emporté.

Mais M. Abadi a opposé une fin de non-recevoir disant qu’il « accepterait uniquement l’annulation du référendum », une exigence également formulée par la Turquie qui s’est rapprochée du pouvoir central à Bagdad.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire