Outre des armes antichars légères et du carburant, la Belgique a envoyé à l’Ukraine cinq mille fusils automatiques FNC dès le début de l’invasion russe. Depuis, la Défense a acheté pour douze millions d’euros de matériel militaire auprès d’entreprises, dont des armes légères FN Scar. © reuters

L’industrie de défense occidentale se mobilise à son tour pour l’Ukraine

Le Vif

Les Occidentaux, qui ont puisé depuis six mois dans leurs arsenaux pour aider l’Ukraine à repousser les forces russes, mobilisent désormais leur industrie de défense pour renflouer leurs stocks d’armement et continuer à soutenir Kiev.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé cette semaine la tenue prochaine d’une réunion spéciale des directeurs de l’armement du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine qui compte près de 50 pays. « Ils discuteront de la façon dont nos industries de défense peuvent équiper au mieux les futures forces armées de l’Ukraine », a-t-il indiqué à la presse à l’issue de la cinquième réunion du groupe de contact qui s’est tenue sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne.

Vendredi, le directeur de l’armement du Pentagone, Bill LaPlante, a précisé que cette réunion, la première du genre, aurait lieu le 28 septembre à Bruxelles. L’objectif est de « voir comment nous pouvons continuer à coopérer pour accélérer la production de capacités clés, résoudre des problèmes de la chaine d’approvisionnement, et accroître l’interopérabilité et l’interchangeabilité de nos systèmes », a-t-il précisé au cours d’une conférence de presse à Washington.

Les pays de l’Otan n’ont pas tous les mêmes armements, mais ils sont tous compatibles: les munitions fabriquées dans un pays peuvent armer un système fabriqué par un autre pays. Le conflit ukrainien, où l’artillerie se révèle décisive, consomme une quantité impressionnante de projectiles divers, et les pays occidentaux ont donné des armes aux normes de l’Otan aux forces ukrainiennes, plus précises que les munitions de fabrication russe dont elles étaient jusqu’ici équipées.

« Aller vite »

Mais ces dons ont amenuisé les arsenaux des pays européens, et l’UE a annoncé en juillet un financement européen de 500 millions d’euros sur deux ans pour faciliter des achats communs d’armements. La priorité sera donnée à l’achat de missiles aériens portables, de missiles anti-chars portables, de canons de 155 mm et de leurs munitions. « Il faut aller vite, vu l’état des stocks nationaux », a alors indiqué le commissaire européen Thierry Breton.

Les Etats-Unis, premiers fournisseurs d’aide militaire à l’Ukraine, ont d’ores et déjà débloqué 15,2 milliards de dollars pour l’envoi d’armement divers, notamment des missiles antichars Javelin, des pièces d’artillerie et des obus compatibles avec les systèmes d’artillerie de l’Otan. Les Etats-Unis ont fourni à eux seuls 800.000 de ces obus de 155 mm, soit les trois-quarts des dons des Occidentaux, selon le porte-parole de l’état-major américain, le colonel Dave Butler. Or la seule unité de production de ces obus aux Etats-Unis, une usine de General Dynamics située à Scranton, en Pennsylvanie, en produit actuellement 14.000 par mois. « Nous prévoyons de passer à 36.000 par mois d’ici trois ans », a indiqué M. LaPlante.

Mais une telle accélération ne peut se faire que par étapes, avec l’ouverture de nouvelles chaines de montage, et ne fera passer la production annuelle aux Etats-Unis que de 168.000 à 432.000 obus, en 2025 au plus tôt. Même si l’armée américaine dispose d’un stock encore considérable d’obus divers, le Pentagone veut donc se tourner vers d’autres pays producteurs, pour reconstituer son arsenal et celui des alliés, tout en continuant à aider Kiev. L’armée américaine a récemment passé des contrats avec plusieurs producteurs dans le monde pour l’achat de 250.000 obus, a souligné le directeur de l’armement américain.

Washington a aussi donné aux forces ukrainiennes plus de 1.400 lance-missiles de courte portée Stinger. Certaines pièces de ces systèmes anti-aériens, utilisés depuis plus de plus de 40 ans, étaient devenues obsolètes et le fabricant Raytheon en avait cessé la production en 2020. Leur succès en Ukraine a conduit l’armée américaine à attribuer en mai à Raytheon un contrat de près de 700 millions de dollars pour reconstituer ses stocks de Stinger.

« Les fournitures de munitions américaines à l’Ukraine ne sont pas liées spécifiquement aux capacités de production annuelle d’un armement donné par l’industrie de défense américaine, mais cette capacité de production est l’un des facteurs considérés », selon le colonel Butler.

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