Dix ans avant Olivier Vandecasteele, l’ex-otage Pierre Piccinin da Prata eut le bonheur, lui aussi, de retrouver le sol belge. © GETTY IMAGES

Libération d’Olivier Vandecasteele: pourquoi la Belgique ne secourt pas toujours les détenus à l’étranger

François Janne d'Othée

Dans le cadre de la libération d’Olivier Vandecasteele, le Premier ministre Alexander De Croo déclarait que « la Belgique n’abandonnera jamais des compatriotes » détenus à l’étranger. La réalité n’est pas si simple.

«Aujourd’hui, je me réjouis de la libération d’Olivier Vandecasteele. En même temps, j’ai un sentiment de colère et d’injustice pour la non-assistance belge lors des 4 380 jours de ma détention arbitraire [au Maroc]», écrit Ali Aarrass sur Facebook. Libéré en 2020, ce Belgo-Marocain avait été condamné en 2011 à douze ans de prison pour «trafic d’armes pour un réseau terroriste», alors que la justice espagnole avait requis le non-lieu et qu’au Maroc, ses aveux ont été obtenus sous la torture. «Le gouvernement belge ne m’a pas considéré comme un citoyen à part entière.» Ou quand la Belgique ne vient pas toujours en aide aux détenus à l’étranger.

La Belgique aide moins les détenus qui ont la double nationalité

La diplomatie belge a déjà mis en garde: son assistance peut être très limitée pour les détenteurs d’une double nationalité lorsque ceux-ci se trouvent dans leur pays d’origine. Dans le cas du Belgo-Rwandais Paul Rusesabagina s’est ajoutée la volonté de ne pas se fâcher avec le régime rwandais.

Considéré aux Etats-Unis comme un héros pour avoir sauvé plus de 1 200 réfugiés tutsi à l’hôtel des Mille Collines de Kigali durant le génocide de 1994, ce Hutu était devenu un opposant farouche au président Kagame. Piégé à Dubaï en 2020 par les services rwandais, il a été transféré au Rwanda où il a écopé de 25 ans de prison pour terrorisme au terme d’un procès jugé inéquitable par la Belgique.

L’assistance du gouvernement peut être très limitée pour les détenteurs d’une double nationalité.

L’aide américaine

S’il a été libéré en mars dernier, c’est d’abord grâce aux pressions de Washington. En Belgique, il a fallu cinq mois avant que sa famille soit reçue au SPF Affaires étrangères, alors qu’aux Etats-Unis, le secrétaire d’Etat Antony Blinken, à peine entré en fonction, organisait une rencontre avec des familles d’Américains «détenus illégalement». Parmi elles, la famille de Paul Rusesabagina, «alors que mon père est Belge et seulement résident américain», soulignait sa fille Carine.

Dans le cas de l’enseignant et reporter belge Pierre Piccinin da Prata, c’est l’Italie qui est venue à la rescousse. Prisonnier en 2013 d’un groupe rebelle en Syrie, en compagnie d’un journaliste italien, l’homme a passé 152 jours en détention.

« Ne nous appelez plus! »

«Quand une demande de rançon est survenue, et que mes parents, désemparés, ont appelé les autorités belges, ils ont reçu pour toute réponse «“On n’a rien à voir avec ça, on ne négocie pas avec des terroristes, ne nous appelez plus!”», se souvient-il. Lorsque l’Italie a obtenu sa libération, le gouvernement belge a envoyé un avion le chercher à Rome. Son retour fut peu médiatisé. Un élément a joué contre lui: il avait été détenu en 2012 par le régime syrien, et la diplomatie belge avait déjà dû s’occuper de lui.

Mieux vaut donc suivre les «conseils aux voyageurs» de la diplomatie belge. Si on passe outre, il est alors utile, en cas de pépin, de pouvoir compter sur un solide comité de soutien prêt à susciter la solidarité citoyenne. Comme ce fut le cas pour Olivier Vandecasteele.

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