Place de la République (Paris), 15 novembre 2015. © REUTERS

L’espoir, l’ultime remède ?

Barbara Witkowska Journaliste

Terrorisme, migrants, climat, socio-économique… Face aux crises à répétition, de plus en plus nombreuses, fréquentes et menaçantes, l’état de choc, la peur, la méfiance et le cynisme dominent. A tort, plaide le maître d’oeuvre du World Book of Hope : c’est l’espoir qui nous fera triompher de l’obscurantisme. Forcément ?

Le livre tombe à point nommé. L’Espoir. The World Book of Hope. C’est le titre du dernier volet de la trilogie, coordonnée par Leo Bormans, journaliste, écrivain et conférencier belge, après Le Bonheur. The World Book of Happiness et The World Book of Love. Le secret de l’Amour, deux best-sellers mondiaux. Le principe est chaque fois pareil : Bormans a sélectionné, dans cinquante pays, cent scientifiques et universitaires de premier plan, en leur demandant de résumer, en mille mots, les résultats de leurs recherches sur ces trois thèmes qui sont au centre des préoccupations chacun.

Dans le passé, l’espoir était synonyme d’un sentiment assez vague, flou, doux, intangible. Une sorte de désir et d’attente, de valeur presque, reliés, le plus souvent, au sentiment religieux. Les recherches scientifiques sur l’espoir ont démarré il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, à travers le monde, environ 300 spécialistes – économistes, sociologues et psychologues – sont en train d’étudier l’espoir. De leurs recherches, il apparaît que, si le bonheur est l’ultime motivation de nos actions et si l’amour est le sentiment ou l’émotion suprême de notre vie, l’espoir en est le moteur. Ou le carburant qui fait tourner ce moteur. Il porte sur l’avenir mais surtout sur le renforcement de notre résilience au présent. Autrement dit : l’espoir serait comme l’oxygène de la vie.

Cet espoir, il est fondé sur trois composantes. D’abord, les objectifs qu’il comporte. Concrètement : c’est à chacun de fixer ses propres buts, à chacun de déterminer quel type de projets il veut accomplir dans la vie, ce qu’il veut devenir. Ensuite, les chemins pour y parvenir : parfois droit, parfois tortueux, parfois semé d’embûches. Les gens remplis d’espoir avancent, imperturbables, quel que soit le terrain. Car ils ont compris que les obstacles (accidents et maladies), les difficultés et les échecs font partie de l’expérience humaine et sont capables de les franchir.

L’autodétermination est le troisième élément de l’espoir : beaucoup de gens se considèrent victimes de la vie et des événements. Ce qui réduit leur flexibilité et leur capacité d’adaptation aux changements et limite les choix qui s’offrent à eux. Il faut donc devenir acteur de sa vie, nous rappellent les scientifiques qui contribuent au « grand livre de l’espoir ».

L’espoir est donc essentiel parce qu’il évite de sombrer. Bonne nouvelle : on peut apprendre à augmenter son niveau d’espoir. « L’espoir n’est pas l’optimisme, nuance Leo Bormans. L’espoir, c’est l’optimisme avec les manches retroussées. Il appelle à l’action. Nous pouvons élargir notre horizon d’espoir en nous penchant sur notre passé. La façon dont nous nous souvenons de nos actes posés justifie ce que nous croyons possible dans l’avenir. On peut se dire :  »Je crois que le futur sera bon et j’agis en fonction de cela. » La vraie puissance de l’espoir réside dans l’exploration des différentes possibilités qui s’offrent à nous. Il faut aussi accepter nos imperfections et adapter constamment nos objectifs. Il faut croire et agir. Nous avons enfin besoin de leaders pleins d’espoir, capables de nous le transmettre et capables d’agir au nom de cet espoir annoncé. »

Agir. Et ne pas seulement espérer. C’est ce à quoi encouragent plusieurs des spécialistes sollicités pourL’Espoir. The World Book of Hope. Pas tous. Ainsi, le psychanalyste canadien Guy Corneau relève qu’ « aussi essentiel qu’il paraisse, l’espoir n’en est pas moins une sorte de poison qui peut nous empêcher d’affronter avec lucidité une situation réelle. Car force est de constater que, la plupart du temps, nous nous contentons d’espérer passivement que cela aille mieux, d’attendre que passent les moments difficiles. « 

L’espoir. The World Book of Hope.Source de succès, de résilience et de bonheur, par Leo Bormans et 10 scientifiques, éditions Racines, 378 pages.

Le dossier et les extraits dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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