Alexis Tspiras et son gouvernement © Reuters

Les premières mesures chocs du nouveau gouvernement grec

Le nouveau premier ministre grec a annoncé qu’il voulait imposer une taxe aux plus grands complexes hôteliers. Ce n’est pas la seule mesure fracassante annoncée par Alexis Tsipras et son gouvernement. Florilège.

Le gouvernement sorti des urnes en Grèce et mené par Alexis Tspiras, leader du parti de gauche Syriza, veut mener une politique économique allant à l’encontre de celle de ses prédécesseurs. Il souhaite revenir sur une partie des réformes structurelles mises sur les rails ces dernières années, et renégocier la dette de son pays. Il n’a pas non plus perdu de temps dans d’autres domaines, puisque depuis lundi, lui et les ministres de son gouvernement ont déjà fait quelques annonces fracassantes. Florilège.

Renégociation de la dette du pays

Dès mercredi lors du premier conseil des ministres de son gouvernement « de salut national », Alexis Tsipras a évoqué parmi ses « priorités » une renégociation de la dette du pays. Il a assuré vouloir à la fois éviter « une rupture désastreuse réciproque » avec les partenaires de la Grèce et mettre fin à « la politique de soumission » du pays. De quoi faire frémir l’Europe. Celle-ci répond en plaidant pour un traitement « juste » des Européens qui ont mis à disposition depuis 2010 des fonds pour la Grèce. Elle est endettée à hauteur de quelque 200 milliards d’euros auprès de ses partenaires européens. L’Europe rappelle aussi qu' »elle n’est pas responsable des problèmes de la Grèce » même si le pays avait fait « des progrès impressionnants » pour redresser son économie.

La fin du all in en Grèce ?

Le nouveau premier ministre grec veut surtaxer les grands complexes hôteliers et autres all-in. Car, dit-il, ces mégas complexes ne profitent pas à l’économie locale. Il souhaite retourner vers un tourisme plus humain, plus local et qui profite aussi à la population grecque. Pour cela, la Grèce n’autoriserait plus la construction de nouveaux hôtels et ceux existants seraient lourdement taxés, selon Het Laatste Nieuws. Si le gouvernement maintient le cap, ce serait une première. Hans Vanhaelemeesch de JetAir était sceptique ce matin sur Radio 1 « Il faut encore voir si la soupe sera servie aussi brûlante qu’annoncée. Car après tout c’est le consommateur qui décide. Souvent le choix se fait en fonction de la destination, du prix et de la qualité des services. Et à ce jeu-là, le choix du all-in est vite une évidence ». Au-delà de l’effet d’annonce beaucoup se demande aussi l’impact réel d’une telle mesure puisqu’après tout les hôtels all inclusive ne représentent que 2.2 % des hôtels.

« Arrêter » les privatisations, le port du Pirée en tête

Le nouveau gouvernement grec veut également « arrêter » le processus de privatisation du port du Pirée, le plus grand du pays et pièce maîtresse du vaste plan de privatisations exigé par les créanciers du pays. Le ministère chinois du Commerce est « très préoccupé » par cette annonce, alors que le conglomérat chinois Cosco était pressenti pour en racheter la majorité des parts. Le conglomérat chinois Cosco a en effet déjà acquis deux terminaux du port du Pirée et est pressenti pour le rachat des 67% de parts que l’Etat grec possède dans la société de ce port.

Le ministre de l’Energie Panayotis Lafazanis a fait part de l’intention du gouvernement de ne pas privatiser, comme c’était prévu, le principal opérateur public d’électricité DEI. Car « Nous voulons faire en sorte que le courant soit bon marché afin d’améliorer la compétitivité (…) une nouvelle DEI productive va aider à faire avancer le pays ». Pourtant le Parlement grec avait approuvé cet été le projet de loi organisant la privatisation de DEI, contrôlé à 51% par l’Etat.

Le ministre adjoint de l’Economie, Christos Spirtzis, chargé des Infrastructures, des Transports et des Réseaux, a indiqué que « l’avis du gouvernement était d’arrêter les privatisations qui ont à faire avec les infrastructures, comme les aéroports régionaux ». L’arrêt des privatisations n’a rien de surprenant puisqu’il fait partie du programme du gouvernement Syriza.

Ukraine

Le gouvernement de M. Tsipras a aussi fait part de son opposition à des sanctions supplémentaires contre la Russie pour son soutien aux séparatistes en Ukraine, le mettant en porte à faux avec ses partenaires européens ainsi que la Maison Blanche.

Suppression de certains impôts

Sur le front intérieur, le gouvernement prévoit de consacrer 1,2 milliard d’euros pour lutter contre « l’exclusion sociale » subie par des dizaines de milliers de Grecs après six ans d’austérité , de rétablir le salaire minimum de 580 à 751 euros, de supprimer certains impôts et lutter « contre le clientélisme » et « la corruption ». Ces mesures provoquent des frissons en Europe, et surtout en Allemagne, chantre de la rigueur budgétaire, qui craint une contagion du relâchement aux autres pays européens.

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