Jens Stoltenberg © AFP

Les « désaccords majeurs » entre Washington et l’UE pèsent sur l’Otan

Le Vif

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a déploré mercredi les « désaccords majeurs » opposant les Etats-Unis aux Européens et au Canada sur le commerce et l’accord nucléaire avec l’Iran, et exprimé l’espoir qu’ils n’obèrent pas les réunions préparatoires à l’important sommet de l’Alliance prévu en juillet à Bruxelles.

« Tant que les problèmes perdurent, je me dois d’en limiter les conséquences délétères sur l’Alliance », a expliqué M. Stoltenberg lors d’une conférence de presse à la veille d’une réunion à Bruxelles des ministres de la Défense des 29 pays membres chargée de préparer le sommet de l’Alliance du 11 et 12 juillet.

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, arrivé mercredi soir dans la capitale belge, va tenter de rassurer les alliés: « Les guerres commerciales ont un effet sur les relations sécuritaires », a-t-il reconnu dans l’avion le conduisant à Bruxelles.

« Mais à l’heure actuelle, ce n’est pas ce que je constate et je pense qu’il est encore prématuré d’appeler ça une guerre commerciale parce que (…) les choses vont évoluer », a-t-il prédit.

Le ministre canadien de la Défense Harjit Sajjan a déjà fustigé l’attitude du voisin américain, lors d’un forum de sécurité le week-end dernier à Singapour, et entend en discuter avec ses homologues de l’Otan.

« Je vais me faire entendre. Considérer le Canada comme un risque pour la sécurité nationale (américaine) à cause de l’acier est plus que ridicule », a-t-il jugé.

Les Etats-Unis sont en froid avec leurs alliés européens et canadien après la décision du président Donald Trump d’imposer de lourdes taxes sur les importations d’acier et aluminium d’Europe, du Canada et du Japon pour des motifs de sécurité nationale.

Un autre sujet de différend est la décision de Washinton de rompre l’accord sur le nucléaire conclu avec Téhéran en 2015 et de réimposer des sanctions économiques contre l’Iran qui vont contraindre les grandes entreprises européennes à quitter ce pays.

« Il y a des désaccords majeurs sur des questions importantes, mais il est important de poursuivre et de renforcer le partenariat en matière de sécurité », a plaidé le chef de l’Otan. « Il est important de ne pas affaiblir le lien transatlantique », a-t-il insisté.

« Je ne dis pas que ces problèmes ne sont pas importants. Je ne veux pas minimiser mon niveau de préoccupation », a reconnu le Norvégien. « Mais je pense possible de gérer les désaccords sans miner l’Alliance ».

M. Stoltenberg a rencontré le président Trump à Washington le 17 mai et ces difficultés ont été abordées, a-t-il précisé. « Le président Trump a un message clair sur le commerce, mais il a aussi un message clair sur l’engagement américain en Europe ».

« Il y a plus de troupes américaines en Europe, avec une brigade blindée, un groupement tactique mené par les Américains avec des troupes en Pologne. Il y a plus d’équipements américains prépositionnés, plus de financements pour l’initiative américaine de dissuasion en Europe. En dépit de divergences majeures, le lien transatlantique n’est pas affaibli », a-t-il répété.

La réunion des ministres de la Défense de l’Alliance doit être consacrée aux moyens de renforcer sa dissuasion. « Il est essentiel de pouvoir déplacer sans retards des troupes à travers l’Atlantique et au sein de l’Europe, afin de pouvoir avoir les forces appropriées au bon endroit au bon moment », a estimé M. Stoltenberg. « Pour ce faire, il faut supprimer les obstacles juridiques, douaniers et le manque d’infrastructures ».

Une initiative américaine — baptisée « 4×30 » — en discussion est la capacité de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés (un bataillon compte entre 600 et 1.000 combattants selon les pays), 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur.

« Tout ce que l’Otan fait relève d’une posture de défense afin de pouvoir réagir dans un environnement sécuritaire rendu plus difficile par le comportement de la Russie », a justifié le secrétaire général de l’Otan.

La coopération avec les initiatives de l’Union européenne en matière de défense et le partage de l’effort avec l’augmentation des dépenses seront deux autres points de friction potentiels avec les Américains au cours de la réunion, selon des sources diplomatiques.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire