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Le sommet européen de juin fera la part belle à la défense

Le sommet européen de juin prochain, qui clora la présidence lettonne de l’UE, sera bien consacré à la défense et devrait donner le coup d’envoi de la révision de la stratégie européenne de sécurité, qui date de 2003 et ne tient pas compte de nouvelles menaces.

Telle est l’une des principales conclusions de la réunion informelle des ministres de la Défense des 28 (moins le Danemark, bénéficiant d’une exemption) qui s’est close jeudi à Riga, la capitale lettonne, selon plusieurs participants. « Tout le monde est d’accord » pour parler de sécurité et de défense en juin, a résumé le numéro deux du Service européen d’action extérieure (SEAE), le Polonais Maciej Popowski, lors d’une conférence de presse. « C’est important que cela soit confirmé », a pour sa part commenté le ministre belge Steven Vandeput à l’agence BELGA. Ce rendez-vous d’étape de la mi-2015 avait été fixé par les dirigeants européens lors du sommet de décembre 2013, le premier à aborder la délicate question de la défense européenne – et donc de ses moyens – depuis bien longtemps. Mais certains États membres avaient au fil du temps remis en cause le bien-fondé d’une discussion sur le sujet à ce moment, un bon mois après les élections législatives au Royaume-Uni, un pays davantage tourné vers les Etats-Unis et l’Otan que vers l’Europe, et certainement en matière de défense. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a désormais confirmé qu’il en serait question lors du sommet des 25 et 26 juin à Bruxelles. Ce sera l’occasion de faire le point sur les avancées enregistrées en dix-huit mois en matière de capacités militaires au vu des lacunes dont souffrent les armées européennes, voire de lancer de nouveaux projets en coopération. Mais les chefs d’Etat et de gouvernement devraient aussi lancer une « évaluation » des modifications à apporter à la stratégique européenne de sécurité, Ce document datant de 2003 est en effet totalement dépassé sous certains aspects, comme l’ont démontré la crise ukrainienne – l’usage de la force en Europe et d’une forme de guerre « hybride » par la Russie pour tenter de redessiner les frontières – et l’instabilité au sud du Vieux Continent, depuis la Syrie et l’Irak jusqu’en Afrique du nord et dans la bande sahélienne, avec une avancée en direction de l’Afrique centrale (Nigeria, Cameroun, République centrafricaine), expliquent des diplomates. Dans un second temps viendra – mais aucun délai n’est encore fixé – l’approbation de la stratégie révisée. Elle devra tenir compte de l’apparition de nouvelles formes de menaces, comme les cyber-attaques et la guerre hybride (combinant différents types d’opérations militaires, parfois masquées ou sans marque uniforme identifiable, et des campagnes de communication massives sur les réseaux sociaux). « Il ne faut pas trop tarder », a confié jeudi un diplomate de haut rang sous le couvert de l’anonymat en faisant allusion à la multiplication des crises pouvant affecter directement la sécurité de l’Europe et de ses citoyens et l’émergence de l’Etat islamique (EI), qui vient de s’implanter en Libye, à 350 km des côtes italiennes, après avoir conquis des pans entiers des territoires syrien et irakien, ne reculant que sous les coups de la coalition mise sur pied par les Etats-Unis. Pour contrer la « propagande » des groupes extrémistes, l’UE songe ainsi à améliorer sa « communication stratégique », une réflexion qui est également en cours au sein de l’Otan, tout comme les réponses à donner aux formes de guerre hybride. L’Otan est cependant plus avancée que l’Union, notamment pour les aspects militaires, a souligné M. Vandeput, plaidant dès lors comme les Pays-Bas pour une coopération plus intense entre les deux institutions, l’UE pouvant se consacrer davantage au volet civil.

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