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L’Arménie en pleine crise politique (en images)

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

L’Arménie, où des dizaines de milliers de manifestants paralysent la capitale Erevan après le refus du Parlement de nommer l’opposant Nikol Pachinian Premier ministre, est secouée par une crise politique depuis près de trois semaines.

Le 11 avril 2018, le Parti républicain au pouvoir annonce que le président sortant Serge Sarkissian, dont le deuxième et dernier mandat vient de se terminer, deviendra Premier ministre, c’est-à-dire le détenteur réel du pouvoir après une révision constitutionnelle controversée.

Le nouveau président, Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec son prédécesseur) dispose, quant à lui, de fonctions largement protocolaires.

A partir du 13 avril, la perspective du maintien au pouvoir de Serge Sarkissian déclenche des manifestations de plusieurs milliers de personnes à Erevan.

Le 16, plusieurs dizaines de personnes sont blessées dans des affrontements avec la police, au moment où elles tentent de se rendre au Parlement et de bloquer les artères de la capitale, à l’appel du chef de l’opposition Nikol Pachinian.

Le 17, Serge Sarkissian est élu Premier ministre. A Erevan, 40.000 personnes manifestent, réclamant « l’Arménie sans Serge ! ». Les manifestations s’enchaînent les jours suivants.

Pachinian arrêté

Le 22, une rencontre entre Nikol Pachinian et Serge Sarkissian tourne court, le chef du gouvernement dénonçant un « chantage ».

La crise s’aggrave avec l’interpellation de M. Pachinian et de deux autres députés de l’opposition, accusés d' »avoir violé de manière répétée et grossière la loi sur les manifestations ». Les manifestations continuent.

Démission de Serge Sarkissian

Le 23, Nikol Pachinian est libéré. Serge Sarkissian démissionne, disant s’être « trompé », au onzième jour des protestations.

Des milliers de personnes s’embrassent et dansent place de la République à Erevan. « Fier citoyen d’Arménie, tu as gagné ! », clame M. Pachinian.

Les partis au Parlement ont une semaine pour proposer leurs candidats au poste de Premier ministre.

Le 24, l’Arménie commémore le génocide de 1915-1917. Nikol Pachinian se dit « prêt à diriger le pays » et réclame des législatives anticipées.

Le lendemain, la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) quitte la coalition au pouvoir, laissant le Parti républicain avec une majorité absolue de 58 des 105 sièges, au lieu de 65 précédemment.

Consultations avec Moscou

La Russie, puissance régionale qui dispose d’une base militaire en Arménie, tente de s’afficher en médiateur : le président Vladimir Poutine s’entretient au téléphone avec le Premier ministre arménien par intérim Karen Karapetian.

Selon le Kremlin, la crise doit se régler « dans le cadre de la Constitution », sur la base des résultats des législatives d’avril 2017. Le vice-Premier ministre et le chef de la diplomatie arméniens sont reçus à Moscou.

Pachinian seul candidat

Le 27, les autorités refusent de négocier avec Nikol Pachinian, l’accusant de « dicter son agenda ». Le 29, celui-ci réunit à Erevan des dizaines de milliers de ses partisans.

Le 30, Nikol Pachinian est désigné par le bloc d’opposition Yelk candidat au poste de Premier ministre.

Il promet un « tsunami politique » s’il n’est pas élu par le Parlement et accuse le Parti républicain de vouloir entraver son élection.

Le Parlement, réuni en session extraordinaire le 1er mai, rejette sa candidature : Pachinian n’obtient que 45 voix sur les 53 nécessaires. Il appelle au « blocage total » des routes, trains et aéroports, devant des dizaines de milliers de ses partisans à Erevan, et à « la désobéissance civile ».

Blocages, élection d’un Premier ministre le 8 mai

Le 2 mai, des dizaines de milliers de manifestants convergent vers le centre de la capitale, paralysée. Presque toutes ses artères et la voie d’accès à l’aéroport sont bloquées, de nombreux magasins fermés et la circulation des trains de banlieue connaît des perturbations.

L’opposant arménien Nikol Pachinian a appelé le 2 mai ses partisans à mettre fin aux manifestations, affirmant avoir obtenu le soutien des quatre partis représentés au Parlement pour son élection au poste de Premier ministre le 8 mai.

« Tous les groupes (parlementaires) ont dit qu’ils soutiendraient ma candidature. La question est réglée », a-t-il assuré devant des dizaines de milliers de manifestants réunis sur la place de la République, dans le centre d’Erevan.

« Nous arrêtons notre action et nous allons nous reposer », a-t-il ajouté, appelant les écoliers et étudiants à reprendre les cours. « Le 8 mai, nous serons 500.000 personnes à nous réunir ici et nous proclamerons notre victoire », a promis l’opposant.

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